Football: Le propriétaire et le président de l'OM clament leur ras-le-bol

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FootballLe propriétaire et le président de l'OM clament leur ras-le-bol

Frank McCourt et Pablo Longoria sont sortis du silence pour s’exprimer sur la grave crise que traverse leur club. Les deux dirigeants dénoncent un «système» basé sur la «peur».

Frank McCourt (à droite), propriétaire de l’OM, en compagnie de Pablo Longoria (à gauche) en marge d’un match de Ligue 1 face au PSG en octobre 2021.

Frank McCourt (à droite), propriétaire de l’OM, en compagnie de Pablo Longoria (à gauche) en marge d’un match de Ligue 1 face au PSG en octobre 2021.

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En crise ouverte avec certains supporters et au lendemain du départ de l'entraîneur Marcelino, le propriétaire de l'OM Frank McCourt et son président Pablo Longoria ont dénoncé jeudi un «système» basé sur la «peur» autour du club, appelant à un sursaut collectif pour un «changement profond».

«Dans un autre pays, cette situation serait dénoncée automatiquement. Recevoir des menaces... [...] Je ne peux pas accepter (ndlr: qu'on dise) «A Marseille c'est comme ça»», a déclaré Pablo Longoria dans un entretien au quotidien régional «La Provence». «Ce qui est arrivé lundi est inadmissible», a-t-il insisté, ajoutant qu'il n'avait pas proposé sa démission à McCourt.

«Je soutiens fermement Pablo Longoria», a fait savoir ce dernier dans un communiqué. Pour l'homme d'affaires américain, «la situation qui s'est produite lundi et nous a menés à la démission de Marcelino et de son staff est inacceptable».

Réunion électrique

Dans les heures qui ont suivi la fameuse réunion de lundi entre dirigeants de l'Olympique de Marseille et représentants des groupes de supporters, la direction du club a pris du recul et aucun de ses membres n'est à Amsterdam, où le club affronte ce jeudi soir l'Ajax en Ligue Europa. Marcelino, proche ami de Longoria, a lui quitté le club, et l'intérimaire Jacques Abardonado sera sur le banc.

Mercredi soir, dans un communiqué expliquant son départ, Marcelino a condamné «des menaces personnelles allant jusqu'à de possibles conséquences sur l'intégrité physique et morale (ndlr: des dirigeants) au cas où ils refuseraient de se démettre».

Dans son interview, Longoria détaille le déroulement de cette réunion, au cours de laquelle l'exaspération des leaders de groupes s'est exprimée, selon un témoin, de façon «extrêmement virulente». «J'ai pu parler deux minutes, puis on m'a coupé et ça a dérapé très vite... On nous a dit: «Démissionnez tous les quatre (ndlr: Longoria, le directeur du football Javier Ribalta, le directeur général Pedro Iriondo et le directeur financier Stéphane Tessier), sinon c’est la guerre»», a raconté l'Espagnol.

«Je n'ai pas eu peur, mais j'étais choqué», a-t-il ajouté, balayant toute accusation de copinage et de malversations. «Il y a trop d'intérêts individuels autour de l'OM, dans beaucoup de domaines. Ce qui s'est passé lundi est une conséquence de ce système. Tout ce mouvement est basé sur le fait de faire peur», a également dénoncé le dirigeant. Il a surtout appelé l'OM à aller «dans une direction qui le fasse devenir un club de football qui, tout en gardant son ADN, puisse fonctionner avec un minimum de normalité». «Notre gestion nous a appris qu'un changement profond est nécessaire» et «ce changement nécessite un soutien collectif fort, à l'intérieur et à l'extérieur» du club, a appuyé Frank McCourt.

Les politiques réagissent

Premiers concernés, les politiques locaux ont prudemment réagi jeudi. «J'appelle tout le monde à la responsabilité et au calme et après on parlera de tout ça», a déclaré à l'AFP le maire de la ville, Benoît Payan, qui avait assisté il y a quelques mois à un match dans la tribune des South Winners, l'un des groupes présents lundi. Sur BFMTV Marseille, son adjointe Samia Ghali, également proche des Winners, a appelé à ne pas «ajouter du feu au feu», concédant qu’«il y a à Marseille des supporters exceptionnels, avec cette fougue qui parfois les emporte». Le président de région, Renaud Muselier, a été plus tranchant sur X, ex-Twitter: «Qu'on soit clair: si certains veulent décider à la place de la direction légitime et sont prêts à menacer, intimider pour ça, alors ils m'auront toujours en face d'eux».

Le monde économique marseillais a tenu à apporter son soutien à la direction du club, appelant «les acteurs à la responsabilité» pour que l'OM atteigne les «standards internationaux de fonctionnement d'un grand club européen».

Des responsables de groupes de supporters ont eux nié auprès de l'AFP toute menace de mort ou demande de démission de Marcelino, demandant à rencontrer Frank McCourt. «Il faut qu'il vienne au plus rapide pour écouter ce qu'on a à lui dire», avait réclamé Rachid Zeroual, le patron des Winners (7200 abonnés). 

En 2021, la colère des supporters avait emporté Jacques-Henri Eyraud, prédécesseur de Longoria. Le contexte est aujourd'hui totalement différent, Longoria conservant une belle cote de popularité auprès des fans marseillais, en témoignent les plus de 47’000 signatures en sa faveur sur une pétition.

Les supporters répliquent

«Aucune menace de mort ou menace de violence n'ont jamais été proférées à l'encontre des dirigeants, de leur famille ou de quiconque», assurent les supporters marseillais dans un long communiqué, signé par six des sept groupes représentés au Stade Vélodrome. Seul le Commando Ultras 84, important groupe du Virage Sud, n'est pas signataire. Ces sept groupes étaient présents à la Commanderie lors de la réunion de lundi.

Dans leur communiqué, les supporters expliquent que les discussions «se sont rapidement portées sur les nombreux dysfonctionnements du centre de formation» et évoquent «des méthodes d'encadrement douteuses». Ils parlent également de la «rupture de contrat de 36 joueurs du centre de formation, tous Marseillais», depuis juin 2023 ou de «l'influence oppressante qui serait exercée par certains agents auprès de jeunes contrats pro».

Ils regrettent, en outre, le «mutisme» de la direction face à différentes questions soulevées lors de la réunion, comme le départ de «joueurs professionnels historiques» ou l'augmentation du prix des abonnements. «Nous ne pouvons plus nous taire. Il ne faut pas confondre intimidation et défense des intérêts de nos joueurs et de nos couleurs», ont ils insisté, parlant ensuite de «dérives inquiétantes notamment dénoncées par les joueurs du centre de formation et leurs familles».

(AFP)

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