Qatar 2022Quatre joueurs nés en Suisse représenteront une autre nation
Aigle, Rothrist, Zurich et Bâle. Ces quatre villes helvétiques auront un représentant au Qatar ces prochaines semaines lors de la Coupe du monde. Pourtant, ces quatre joueurs n’évolueront pas pour la Suisse. Présentation.
- par
- Jonathan Amorim Machado
L'actuel avant-centre du PSV Eindhoven, international à 38 reprises pour les Pays-Bas, a vu le jour dans le Chablais vaudois, dans la ville d'Aigle, en 1990. Son père, George, était alors entraineur professionnel de volleyball à Leysin. En 2016, il nous confiait n'avoir "que des bons souvenirs de cette période" même si la famille de Jong a rapidement repris la direction de la Hollande, lorsque Luuk avait 4 ou 5 ans. De retour au pays, il ne suit pas les traces de son père volleyeur et choisit le football. Il devient professionnel à De Graafschap avant d'exploser à Twente entre 2009 et 2012 (39 buts en 75 matchs). C'est ensuite au PSV Eindhoven qu'il devient un joueur confirmé en inscrivant notamment 94 buts en 159 matchs, impressionnant. Après un crochet du côté de Séville et de Barcelone (2019-2022), il est revenu cet été au PSV où il a déjà marqué trois buts cette saison. Retenu par Louis van Gaal pour l'aventure qatarie, il devrait certainement y jouer un rôle de joker derrière l'intouchable Memphis Depay ou encore l'étoile montante du football hollandais, son coéquipier au PSV, Cody Gakpo. À 32 ans, cette Coupe du monde pourrait être sa dernière grande compétition internationale, avant un dernier tour de piste au FC Aigle, devant le siège de l'UCI ? On ne dirait pas non.
C'est un fils d’emigrantes comme des milliers d'autres dans notre pays. Diogo Meireles da Costa est né le 19 septembre 1999 dans le canton d'Argovie, à Rothrist, de parents portugais venus travailler en Suisse. Son histoire avec son pays natal va se révéler assez courte puisqu'il rentre au Portugal à l'âge de 7 ans. Il débute donc le football dans son pays d’origine et intègre rapidement le centre de formation du FC Porto où il est devenu le gardien titulaire du club la saison passée. Fort sur sa ligne, agile et très bon dans son jeu aux pieds, il s'est également illustré cette saison en devenant le premier gardien à arrêter trois penalties lors d’une phase de groupe de la Ligue des champions. En sélection, il a récemment piqué la place d'un monument dans les cages portugaises, le champion d'Europe 2016, Rui Patricio. Fernando Santos, pourtant peu enclin aux changements, en a fait son titulaire depuis le barrage qualificatif pour la Coupe du monde contre la Turquie en mars dernier. Aujourd'hui valorisé à plus de 35 millions d'euros par Transfermarkt, il s'impose comme l'un des meilleurs gardiens de la planète et pourrait bien rapidement rejoindre un grand championnat européen. Manchester United serait fortement intéressé.
Le 6 février dernier, le Sénégal battait l'Egypte avec Edouard Mendy au but et remportait pour la première fois de son histoire la Coupe d'Afrique des nations. Lors des deux premiers matchs de la compétition, c'est pourtant un "Zurichois" qui défendait les cages des Lions de la Teranga : Seny Dieng. Aujourd'hui sous contrat avec les Queens Park Rangers en D2 anglaise, Seny est né à Zurich en 1994, d'un père sénégalais et d'une mère suisse. Enfant, ce sont vers ses origines paternelles que le gardien champion d'Afrique va rapidement se tourner comme il l'affirmait récemment au Guardian :"Depuis tout petit, je souhaite représenter le Sénégal. J'ai regardé le Sénégal en 2002 à la Coupe du monde et je pense que l'on peut atteindre ce niveau cette année." Il effectue toute sa formation dans la région de Zurich, au Red Star tout d'abord puis à GC avant de prendre la direction de l'Allemagne (Duisbourg) à 22 ans puis de l'Angleterre où il a fini par s'imposer aux QPR il y a deux ans après plusieurs prêts dans les divisions inférieures du football britannique. Au Qatar, Seny Dieng sera en concurrence avec Alfred Gomis (Rennes) pour être la doublure de la star Edouard Mendy (Chelsea). L’helvético-sénégalais est en tout cas en forme cette saison, il a même déjà marqué, de manière complètement folle, en égalisant de la tête à la dernière minute sur la pelouse de Sunderland. Prend ça, Netflix.
Milos est le seul des quatre à avoir représenté la Suisse en équipe nationale juniors, c'était en 2011, en M16. L'année suivante, il optait pour son pays d'origine, la Serbie, avec laquelle il compte maintenant 21 sélections. Né à Bâle puis formé au FCB, il quitte rapidement la Suisse, en signant à Tottenham en 2011, à seulement 16 ans. Il y terminera son apprentissage mais ne s'imposera jamais en équipe première. Il ne compte que 2 apparitions avec les Spurs entre 2013 et 2016. Il est par ailleurs prêté à deux reprises, du côté de Middlesbrough et de Charlton Athletic, sans connaitre plus de succès. C'est finalement en Allemagne qu'il s'affirme vraiment. Il signe en 2016 pour le Werder Brême, un club qu'il a représenté à 167 reprises depuis. Légèrement touché la semaine dernière, il a récemment rassuré sur son état de forme et a rejoint ses coéquipiers à Belgrade. Il pourrait même être titulaire le 2 décembre prochain contre la Suisse, un élément piquant de plus dans cette affiche qui s'annonce décisive, indécise et passionnante.