Collision lacustre (BE)«On ne freine pas sur l’eau comme sur la route»
Suite à l’accident mortel survenu avec un voilier, le directeur de la Société de navigation Lac de Bienne explique les règles de navigation.
- par
- Vincent Donzé
Une collision mortelle entre un bateau de ligne et un voilier, c’est un événement aussi tragique que rarissime. Pendant six ans de direction à la Société de navigation Lac de Bienne (SNLB), Thomas Mühlethaler n’a pas été confronté à un autre drame comme celui survenu vendredi dernier en début d’après-midi, marqué par la mort d’un navigateur bernois de 68 ans.
Jusqu’ici, la police cantonale bernoise privilégie l’hypothèse d’un accident, sans autre précision. Ce week-end, le bateau «Engelberg» est resté à quai.
À 14 h 05, vendredi dernier, l’«Engelberg» naviguait en direction de Bienne, en partance de l’île St-Pierre. Le ciel était bleu, il n’y avait pas d’écume, mais le vent oscillait entre 4 et 5 beauforts. «Pour sortir en voilier avec ce vent, il fallait être expérimenté», commente Thomas Mühlethaler. Le navigateur de 68 ans l’était-il? Peut-être.
Propulsion électrique
Le bateau à propulsion électrique de la SNLB relie sans escale Bienne à l’île St-Pierre. Que s’est-il passé à la hauteur de Gléresse et, partant, qui est fautif? Le capitaine ou le navigateur? Sans s’exprimer sur l’enquête en cours, Thomas Mühlethaler rappelle la règle en vigueur: «Un bateau de ligne a la priorité».
Avoir la priorité ne signifie pas qu’un bateau de ligne écrase tout sur son passage: «On ne force pas le passage!» insiste Thomas Mühlethaler. Le capitaine peut inverser le sens de l’hélice, mais l’«Engelberg» ne peut pas être stoppé sur moins de cent mètres.
«On ne freine pas sur l’eau comme sur la route», compare le directeur de la SNLB. Dévier de sa course, c’est la seconde option, mais vendredi, la collision n’a pas pu être évitée. «Le protocole prévoit un coup de corne», précise Thomas Mühlethaler. Si le navigateur fautif ne réagit pas, le bateau de ligne ralentit sa course.
Dans des roseaux
Le voilier accidenté a été retrouvé et sécurisé dans des roseaux. S’est-il empalé sur le bateau de la SNLB? L’enquête le dira, mais ce scénario est vraisemblable. Problème technique ou médical? Mystère.
De quoi le navigateur de 68 ans est-il mort? Du choc contre la coque? D’une noyade dans une eau tumultueuse? De son passage dans l’hélice? D’un malaise survenu avant la collision? La police bernoise a sobrement indiqué que la victime était tombée à l’eau et qu’elle est «décédée dans la foulée». «Nos pensées vont à sa famille», glisse le directeur de la SNLB.
«Entre les voiliers, les bateaux à moteurs ou pneumatiques, les planches à voiles et les windsurfs, les canoës, les pédalos et les pêcheurs, les paddles et l’aviron, il y a beaucoup de monde sur le lac de Bienne, mais généralement dans le respect des lois», remarque Thomas Mühlethaler.
«On se respecte»
La navigation requiert une observation de tous les instants, un constat qui vaut plus encore sur l’Aar que sur le lac de Bienne. Les usagers sont-ils amis ou ennemis? «On se respecte», répond le directeur de la SNLB.
L’accident de vendredi a jeté un froid à la Société de navigation Lac de Bienne, présidée par le maire Erich Fehr. «Les employés sont là depuis des années et nous formons une grande famille», indique Thomas Mühlethaler. Vendredi dernier, le protocole de crise a été enclenché. Le bateau de croisière et ses passagers ont été conduits au port de Bienne pour des clarifications et plusieurs courses ont été annulées.