CubaMariage gay: le peuple a voté
Les résultats du référendum de dimanche doivent tomber ce lundi. Si le texte passe, le mariage homosexuel sera légal et l’adoption homoparentale autorisée.
Les Cubains attendent lundi le résultat du référendum sur un nouveau Code de la famille. Il inclut notamment le mariage homosexuel et la gestation pour autrui, un texte largement soutenu par le gouvernement. Selon le dernier rapport du Conseil électoral national (CEN), la participation dépassait les 68%, une heure avant la fin du scrutin qui s’est achevé dimanche, en fin d’après-midi.
Selon l’autorité électorale, les résultats devraient être annoncés lundi. Le texte entrera en vigueur immédiatement s’il obtient plus de 50% des voix. Quelque 8,4 millions de Cubains étaient appelés à répondre par oui ou par non à la question: «Êtes-vous d’accord avec le Code des familles?».
Une société encore empreinte de machisme
Le nouveau Code de la famille définit le mariage comme l’union de «deux personnes», légalisant le mariage homosexuel, et autorise l’adoption homoparentale. Il renforce les droits des enfants, des personnes âgées et des handicapés, et introduit la possibilité de reconnaître légalement plusieurs pères et mères, outre les parents biologiques, ainsi que la gestation pour autrui sans fins lucratives.
Plusieurs de ces sujets restent sensibles à Cuba, dans une société encore empreinte de machisme et dont le gouvernement communiste a ostracisé les homosexuels dans les années 1960-1970. Néanmoins, ces vingt dernières années, l’attitude des autorités envers les homosexuels a nettement évolué, et le «oui» a fait l’objet d’une intense campagne gouvernementale, à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Le Code de la famille «est une loi juste, nécessaire, actualisée et moderne qui donne des droits et des garanties à tous», a insisté le président Miguel Diaz-Canel.
Une première
Pour le politologue Rafael Hernandez, il s’agit de la «législation la plus importante en matière de droits humains» à Cuba depuis la révolution de 1959. Certains ont d’ailleurs estimé que le gouvernement «allait trop loin». Le caractère progressiste du texte a aussi divisé les opposants. «Nous ne votons pas oui avec le PCC, c’est lui qui vote oui avec nous», avait insisté sur Twitter, quelques semaines avant le scrutin, le militant gay Maykel Gonzalez Vivero, en référence au Parti communiste cubain, parti unique.
D’autres militants et dissidents avaient appelé à voter contre ou s’abstenir. C’est la première fois que les Cubains sont appelés à se prononcer par oui ou par non sur une loi, le référendum étant jusque-là réservé aux textes constitutionnels. Le scrutin intervient alors que le pays de 11,2 millions d’habitants traverse une profonde crise économique et fait face à une vague d’émigration record. Il y a plus d’un an, en juillet 2021, des manifestations historiques aux cris de «Nous avons faim» et «Liberté» ont secoué l’île.