Bande dessinée: Spirou change de mains et meurt

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Bande dessinéeSpirou change de mains et meurt

Une nouvelle équipe reprend le groom dans la série officielle mais le fait immédiatement passer de vie à trépas. On s’attend à sa résurrection au prochain numéro.

Michel Pralong
par
Michel Pralong

La bande-annonce de «La mort de Spirou».

Éd. Dupuis

Une nouvelle équipe est aux commandes des aventures de Spirou et Fantasio. Il était temps car le tome 55 de la série principale, «La colère du Marsupilami» date de 2016. C’était le sixième album signé par le tandem Yoann et Velhmann.

Spirou n’a pas disparu pour autant depuis lors, plusieurs albums étant parus dans la collection «Le Spirou de…», notamment les fameux signés par Émile Bravo. Depuis 2020, Yoann et Velhmann ont entrepris une autre série parallèle, «Supergroom». La place était donc libre pour de nouveaux auteurs.

Un habitué au dessin

La bonne nouvelle concernant ce tome 56, c’est que le dessin en a été confié à Olivier Schwartz. On avait déjà adoré ses trois tomes (scénarisés par Yann) dans la série «Le Spirou de…»: «Le Groom vert-de-gris», «La Femme-léopard» et «Le Maître des hosties noires». Grand fan d’Yves Chaland auquel son graphisme fait immanquablement penser, on peut dire que les Éditions Dupuis ont misé sur une valeur sûre pour assurer la suite des aventures de Spirou et Fantasio.

Côté scénaristes en revanche, on parie sur la nouveauté en engageant deux auteurs. Si Sophie Guerrive a réalisé plusieurs BD (scénario et dessin), Benjamin Abitan est novice en la matière. L’homme est comédien, metteur en scène et auteur de fictions radio, même si, pour cette dernière activité, il a signé l’adaptation en pièces radio d’albums de Tintin et d’Astérix.

Est-ce parce qu’il s’agit de deux inconnus (ou presque) dans le monde de la BD qu’ils osent d’entrée la plus grande des audaces, à savoir tuer Spirou? Car oui, ce n’est pas divulgâcher que de dire qu’à la fin d’un album intitulé «La mort de Spirou», le héros décède. Ou du moins, cela en a tout l’air. Mais on risque peu de perdre son pari en misant qu’il va ressusciter au tome suivant.

Car cette histoire est à suivre, ce qui empêche d’avoir un avis définitif sur ce tome 56. Les scénaristes nous emmènent à Korallion, la ville sous-marine apparue dans «Spirou et les hommes-bulles», aventure signée par le grand Franquin. L’histoire se déroule en 2022, année du centenaire des Éditions Dupuis. Sous l’eau ou sur terre, le dessin de Schwartz fait merveille, mélange de rétrofuturisme et de design que n’aurait pas renié Franquin.

Un brin de Gaston Lagaffe

Le scénario est truffé de références et les auteurs ont allégrement pioché dans la boîte à personnages de Franquin: Zorglub, Champignac mais aussi les collègues de travail de Gaston Lagaffe (Mademoiselle Jeanne ou Lebrac). Les véhicules et autres inventions fabuleuses sont là également et Spip, parfois discret, reprend un rôle de premier plan. Il y a une telle abondance de biens que c’en est presque trop. Comme Spirou, le lecteur en viendrait presque à manquer d’air. Les scénaristes ont voulu trop en mettre. Mais encore une fois, il faudra attendre la suite de cette aventure (annoncée avec un changement de héros, mais qui à la place de Spirou, cela, on vous en laisse la surprise) pour se faire un avis. Peut-être que le menu dévoilé en entier se révélera plus digeste, même si ce premier tome n’est de loin pas sans saveur.

«La mort de Spirou», de Schwartz, Abitan et Guerrive, Éd. Dupuis, 64 pages

«La mort de Spirou», de Schwartz, Abitan et Guerrive, Éd. Dupuis, 64 pages

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