Télévision«Passe-moi les jumelles» a 30 ans: leurs meilleurs (et leurs pires) souvenirs
«PAJU» fête son anniversaire vendredi 29 septembre. lematin.ch a recueilli les impressions des quatre présentateurs et présentatrices de l’émission d’évasion de la RTS.
- par
- Laurent Flückiger
«Passe-moi les jumelles» – «PAJU» pour les intimes – emmène les téléspectateurs à la découverte et à l’aventure depuis trente ans. Ici, pour rencontrer un charpentier genevois, là un alpiniste au Canada. De beaux paysages et de belles personnes. Mais aussi quatre présentateurs et présentatrices à travers le temps: le cofondateur de l’émission Benoît Aymon (1993-2011), Manuella Maury (2001-2003), Virginie Brawand (2011-2018) et Matthieu Fournier (actuel).
Avant de célébrer cet anniversaire, vendredi 29 septembre à 20 h 10 sur la RTS, nous avons demandé aux quatre figures emblématiques de «Passe-moi les jumelles» de raconter leurs meilleurs souvenirs et anecdotes.
Ce que représente «PAJU» dans leur carrière.
Benoît Aymon: Vingt-six ans à partager une passion, cultiver l’imprévu et ménager ma capacité d’émerveillement.
Manuella Maury: La chance de comprendre ce métier sur le terrain et surtout au montage avec des professionnels de très haut vol.
Virginie Brawand: Il y a un avant «PAJU» et un après tellement je me suis identifiée pendant plus de sept ans à cette émission. Quand j’ai démarré les présentations, je me suis dit que les choses étaient bien faites, que tout s’alignait avec tellement de justesse: mon métier, mon amour de la nature, mon attachement à notre terroir et ses traditions. Tout cela réuni. C’est assez rare certainement de pouvoir vivre cette espèce d’alchimie. Je suis très reconnaissante d’avoir pu vivre cela.
Matthieu Fournier: Ma carrière est un bien grand mot à 35 ans. C’est à ce jour un sommet qui se fait avec une cordée formidable et à la fois un trekking sans fin.
La séquence qui les a le plus marqués.
B. A.: Question difficile… J’ai eu le privilège de croiser de parfaits anonymes mais aussi des très grosses «pointures» comme Erhard Loretan ou le photographe Vincent Munier.
M. M.: Le portrait de Claude Veuillet. J’ai perdu mon père durant le tournage et j’ai appris de cet expert en bois que ce sont les mains qui façonnent le cerveau. Pas l’inverse.
V. B.: Jacques Cesa m’a bouleversée. Nous étions à La Chia, un alpage au-dessus de Bulle. Ce petit bonhomme du pays avec ses joues rouges a conquis l’équipe de tournage entière. Peu de mots, juste l’essentiel. De la générosité à revendre. Quelques semaines après, chaque membre de l’équipe a reçu une petite lithographie de sa part. Je garde ce cadeau précieusement. Il est cher à mon cœur pour ce qu’il est, mais surtout pour ce qu’il représente: un moment de partage qui n’a pas de prix.
M. F.: L’ascension du Piz Bernina, le plus haut sommet des Grisons. Un itinéraire fabuleux qu’il fallait parcourir tout en le filmant.
Un reportage dangereux.
B. A.: Quand on est en montagne, on doit en assumer le risque. On a eu beaucoup de chance, notamment en traversant le plateau de Tête Blanche lors d’une tempête de foehn. Plusieurs guides nous accompagnaient.
M. M.: Six semaines au Brésil avec des botanistes, des serpents autour de nos bottes et la jalousie de mon compagnon de l’époque. (Elle fait un clin d’œil.) Je ne sais pas ce qui était le pire!
V. B.: Je n’ai jamais connu de tournage dangereux, ça n’est pas ma tasse de thé. Par contre, il est vrai que, même si le danger n’est pas physique, quand on fait un reportage pour «PAJU», on est obligé d’ouvrir les écoutilles, d’être à l’écoute des récits des uns et des autres, d’être là tout simplement et de savoir se livrer à son tour. On ne se jette en effet pas d’une cascade, on ne descend pas à ski une pente de 45 degrés, mais souvent, ces échanges nous ébranlent, nous interrogent, nous remuent. Le danger réside là, à savoir comment malgré tout garder la distance.
M. F.: Les présentations en parapente furent parfois délicates, avec quelques frayeurs pour la production et moi-même.
Un fou rire?
B. A.: Incalculables! Notamment avec ce génial et fantasque personnage qu’on appelait «le baron de Litroz»… et qui n’est plus de ce monde.
M. M.: En Australie, en présentation, impossible de lancer un sujet sans avaler 50 mouches!
V. B.: Beaucoup. Si on avait fait du direct, il y aurait des moments d’anthologie… Si je devais en choisir un, ce serait au Gornergrat. Le temps étant changeant, il fallait donner l’illusion d’une neige qui tombait ici ou là. Ce qui a donné l’idée à mon collègue Thibault Kahlbacher, assistant de réalisation avec qui j’ai cheminé pendant sept ans, de m’envoyer un peu de neige dessus pour poudrer mon anorak. Sauf que le poudrage prévu a eu plutôt l’allure d’une boule de neige en pleine figure en plein milieu d’une présentation!
M. F.: Beaucoup! Notamment avec Fabien Brand, le guide qui m’a accompagné sur les plus hauts sommets de chaque canton. Un type aux anecdotes aussi improbables qu’hilarantes.
La découverte d’un endroit paradisiaque.
B. A.: Secret-défense! Plus sérieusement, sans doute le retour auprès de ceux qu’on aime après une longue absence.
M. M.: L’Andalousie, c’est ma deuxième terre, j’y ai ma deuxième famille depuis quinze ans. J’ai failli y vivre.
V. B.: J’ai eu l’immense privilège de me balader dans bon nombre de lieux magiques, avec des moments à couper le souffle: en arrivant au sommet du Jungfraujoch au-dessus d’une mer de brouillard ne laissant apparaître que la pointe de plus petites montagnes environnantes, sur la plage de Port-Saint-Louis-du-Rhône malmenée par un mistral à décorner un bœuf, étape ultime de mon périple au fil du fleuve, au Val Piora au Tessin qui m’a laissé un souvenir impérissable.
M. F.: La Suisse! Il y a dans notre pays une infinie diversité et une grande richesse de paysages. Pour n’en citer un seul, le canton de Glaris avec sa verticalité impressionnante et ses formations géologiques mondialement reconnues.
Vendredi 29 septembre à 20 h 10 sur RTS 1