ÉconomiePour la tête de la Banque mondiale, il ne reste qu’Ajay Banga
La Banque mondiale est la chasse gardée des États-Unis, car elle a toujours été dirigée par un ressortissant américain.
Le suspense quant à la succession du président sortant de la Banque mondiale (BM), David Malpass, s’est envolé jeudi, alors que le candidat présenté par les États-Unis, Ajay Banga, est seul en lice pour prendre la tête de l’institution. Traditionnellement, la BM est chasse gardée des États-Unis, dont un citoyen a toujours dirigé la Banque depuis sa création, dans la foulée des Accords de Bretton Woods, en 1944.
Mais cette hégémonie était de plus en plus remise en cause, notamment par les grands pays émergents, Brésil, Chine, Inde et Russie en tête, qui souhaitent depuis plusieurs années voir leur place dans les institutions financières internationales se renforcer.
Nom connu en mai
Le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis auraient pu laisser présager des candidatures concurrentes, l’agence russe TASS assurant même, début mars, que Vladimir Poutine allait proposer une candidature russe.
Mais rien ne s’est passé au final, et la BM l’a confirmé jeudi dans un communiqué: «Le conseil d’administration a reçu une candidature et précise qu’Ajay Banga, citoyen américain, va être pris en considération pour le poste.» Le nom du successeur de David Malpass, qui quittera son poste au plus tard fin juin, doit être connu début mai.
Audition à venir
Malgré la présence d’un unique candidat, la BM a annoncé qu’elle mènerait à terme le processus de sélection tel qu’envisagé initialement, avec notamment une audition d’Ajay Banga par les directeurs exécutifs de l’institution, qui représentent les principaux États membres, avant une éventuelle nomination au poste.
Aucun calendrier n’est cependant connu concernant les prochaines étapes, a-t-on précisé de source proche de la BM, soulignant que l’ouverture, le 10 avril et pour une semaine, des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la BM, risque d’allonger légèrement le processus. «L’annonce ne devrait pas intervenir avant début mai», a-t-on ajouté de même source.
David Malpass doit notamment prononcer le premier discours lançant formellement ces réunions semestrielles des deux institutions, qui sont traditionnellement l’occasion d’une actualisation des prévisions économiques mondiales pour l’année en cours.
Soutien de pays émergents
Le processus de désignation des candidats a été formellement ouvert le 23 février, les États-Unis proposant dès son lancement la candidature d’Ajay Banga. Celui-ci s’est lancé dans la foulée dans de nombreux déplacements à l’étranger, afin d’obtenir le soutien le plus large possible en vue de son élection, notamment de la part de pays émergents ou en développement.
Il peut ainsi d’ores et déjà compter sur l’Inde, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud, qui ont d’ores et déjà annoncé qu’ils soutiendront sa candidature. Et le département du Trésor se montre particulièrement optimiste pour la suite du processus, estimant que «l’accueil (par les autres États) a été très positif», selon un responsable du Trésor interrogé par l’AFP.
«Je pense que la campagne se passe très bien, a-t-il ajouté, son expérience est vue comme un point essentiel, tout comme sa connaissance du secteur privé et des partenariats entre privé et public, essentiels dans le cadre de la Banque mondiale.» Citoyen américain, mais né et élevé en Inde, où il a commencé sa carrière professionnelle, Ajay Banga deviendrait le premier président de la Banque mondiale à ne pas être né aux États-Unis.