Asie: Le président Rajapaksa a quitté le Sri Lanka par avion

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AsieLe président Rajapaksa a quitté le Sri Lanka par avion

Contesté par une majeure partie de la population, le président Gotabaya Rajapaksa a réussi à fuir le Sri Lanka et à rejoindre les Maldives par avion mercredi.

La résidence du président Gotabaya Rajapaksa, envahie par les habitants de Colombo, le 11 juillet 2022.

La résidence du président Gotabaya Rajapaksa, envahie par les habitants de Colombo, le 11 juillet 2022.

AFP

Le président sri lankais Gotabaya Rajapaksa, conspué par un fort mouvement populaire, s’est posé mercredi aux Maldives après avoir quitté le son pays à bord d’un avion militaire. Le dirigeant de 73 ans, qui a promis de démissionner et avait tenté mardi sans succès de quitter le pays, a décollé tôt mercredi de l’aéroport international de Colombo avec sa femme et un garde du corps à bord d’un Antonov-32, ont indiqué à l’AFP des responsables des services de l’immigration.

«Leurs passeports ont été tamponnés et ils sont montés à bord de ce vol spécial assuré par l’armée de l’air», a précisé à l’AFP un responsable de l’immigration. Un responsable de l’aéroport de Malé, la capitale des Maldives, a indiqué vers 22 h 30 GMT (00 h 30, heure suisse) que l’avion s’était posé et que les trois passagers avaient été conduits sous escorte policière vers une destination inconnue à ce stade.

Selon des sources aéroportuaires sri lankaises, l’appareil a été retenu pendant plus d’une heure sur le tarmac de l’aéroport dans l’attente d’une autorisation d’atterrir aux Maldives. «Il y a eu des moments de tension, mais au bout du compte, tout s’est bien terminé», a indiqué un responsable de l’aéroport sous couvert d’anonymat.

Le président avait été refoulé mardi de façon humiliante de l’aéroport de Colombo par les agents de l’immigration et certains de ses conseillers avaient envisagé pour Gotabaya Rajapaksa et son entourage une fuite à bord d’un navire de patrouille, selon une source haut placée dans le domaine de la défense. Un vaisseau de la marine avait été utilisé pour transférer samedi le chef de l’État du palais présidentiel assiégé par les manifestants au port de Trincomalee, dans le nord-est du pays.

Salon VIP

Puis, Gotabaya Rajapaksa avait rejoint lundi en hélicoptère l’aéroport international de Colombo. Mais mardi, les responsables de l’immigration lui avaient refusé l’accès au salon VIP pour faire viser son passeport, alors que le chef de l’État voulait éviter le terminal ouvert au public, craignant la réaction de la population.

N’ayant alors pas encore démissionné, ce qu’il a promis de faire mercredi pour une «transition pacifique du pouvoir», Gotabaya Rajapaksa bénéficie encore d’une immunité présidentielle. Le chef de l’État et sa femme avaient passé la nuit de lundi à mardi dans une base militaire proche de l’aéroport international après avoir manqué quatre vols qui auraient pu les conduire vers les Émirats arabes unis.

Son plus jeune frère Basil, qui a démissionné en avril de son poste de ministre des Finances, a aussi manqué son avion pour Dubaï après une confrontation similaire avec l’immigration. Il a bien essayé d’utiliser un service de conciergerie payant pour les voyageurs d’affaires, mais le personnel de l’aéroport et de l’immigration a annoncé la suppression de ce service rapide avec effet immédiat.

Argent liquide

«Certains autres passagers ont protesté contre l’embarquement de Basil sur leur vol», a rapporté à l’AFP un responsable de l’aéroport. «C’était une situation tendue, donc il a quitté l’aéroport précipitamment». Basil, qui possède aussi la nationalité américaine, devait demander un nouveau passeport après avoir laissé le sien dans le palais présidentiel au moment de la fuite de la famille Rajapaksa samedi face à l’assaut de milliers de manifestants, selon une source diplomatique.

Dans cette fuite, le président sri lankais a laissé derrière lui une valise remplie de documents et 17,85 millions de roupies (environ 49’000 francs) en liquide, désormais sous scellés. Si le chef de l’État démissionne comme promis, le premier ministre Ranil Wickremesinghe sera automatiquement nommé président par intérim jusqu’à l’élection par le Parlement d’un député qui exercera le pouvoir jusqu’à la fin du mandat en cours, c’est-à-dire novembre 2024.

Ranil Wickremesinghe est toutefois aussi contesté par les manifestants qui campent devant le Secrétariat présidentiel depuis plus de trois mois pour demander la démission du président en raison de la crise économique sans précédent que traverse le pays. Gotabaya Rajapaksa est accusé d’avoir mal géré l’économie, menant à l’incapacité du pays, en manque de devises étrangères, à financer les importations les plus essentielles à une population de 22 millions d’habitants.

Colombo a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars (50 milliards de francs) en avril et est en pourparlers avec le FMI pour un éventuel renflouement. Le Sri Lanka a presque épuisé ses réserves d’essence. Le gouvernement a ordonné la fermeture des bureaux non essentiels et des écoles afin de réduire les déplacements et d’économiser du carburant.

(AFP)

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