Economie: L’avenir de Casino toujours en suspens

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ÉconomieL’avenir de Casino toujours en suspens

Aucun accord sur la restructuration de sa dette et sa reprise par le magnat tchèque Daniel Kretinsky et l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière n’a pour l’instant été trouvé.

Le groupe Casino compte 200’000 salariés dans le monde, dont un quart en France.

Le groupe Casino compte 200’000 salariés dans le monde, dont un quart en France.

AFP

Aucune fumée blanche n’a émané jeudi minuit des négociations en cours chez le distributeur français Casino pour trouver un accord sur la restructuration de sa dette et sa reprise par le magnat tchèque Daniel Kretinsky et l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière.

Casino s’était fixé la date de jeudi pour trouver un accord de principe avec ses créanciers, qui doivent se prononcer sur l’offre présentée par le tandem et donner leur aval. De cet accord dépend la survie du géant de la distribution aux 200’000 salariés dans le monde, dont un quart en France. Lors d’un point presse téléphonique jeudi matin, le directeur financier de Casino, David Lubek avait réaffirmé cet objectif, se disant «confiant» dans la mesure où «il y a un intérêt commun» à le faire.

Casino avait donné le 18 juillet son feu vert à l’offre de recapitalisation et de restructuration de sa dette présentée par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d’investissement britannique Attestor. Cette offre prévoit notamment l’apport de 1,2 milliard d’euros d’argent frais ainsi qu’une forte restructuration de la dette – toutefois un peu moindre qu’attendu au départ. Il est prévu aussi de céder les activités du groupe en Amérique latine – notamment au Brésil – pour lesquelles travaillent les trois quarts des salariés du groupe.

Rallye prêt à disparaître

Si un accord de principe est bel et bien entériné, Casino prévoit ensuite de soumettre le plan à l’approbation de ses actionnaires actuels «au plus tard» le 30 septembre, pour une restructuration de sa dette attendue d’ici à la fin de l’année. Conséquence de la dilution massive des actionnaires actuels de Casino, la maison mère Rallye, contrôlée par Jean-Charles Naouri, serait privée «quasi totalement (…)des éventuels futurs dividendes versés par le groupe Casino et compromettrait la capacité de la société à exécuter son plan de sauvegarde dans le délai fixé», selon le communiqué de Rallye publié jeudi.

La société ne disposant pas d’autre actif susceptible de lui apporter de l’argent frais, elle «n’aurait pas d’autre solution réaliste à terme que la liquidation ou la cessation d’activité», est-il précisé dans le même document. Quant à Casino, sa situation financière est critique. Le groupe a dévoilé jeudi une perte nette de 2,23 milliards d’euros au premier semestre, du fait notamment de dépréciations, contre 259 millions d’euros un an plus tôt.

Il a aussi averti que «la situation présente à date une incertitude» sur sa capacité «à poursuivre son exploitation», «compte tenu des étapes juridiques restant à franchir pour mettre en œuvre la restructuration financière» sur laquelle le groupe planche depuis des mois dans le cadre d’une procédure amiable de conciliation sur sa dette.

Cette dernière s’élevait à 6,1 milliards d’euros au 30 juin, dont 5,5 milliards en France. Un an plus tôt à la même période, la dette du groupe était de 5,97 milliards. En Bourse, la cotation de l’action est restée suspendue jeudi, à la demande de Casino, «dans l’attente de la publication d’un communiqué de presse». Le cours a fondu de plus de 68% depuis le début de l’année et s’élevait à 3.11 euros à la clôture mercredi soir. Casino a vu ses ventes baisser de 4,2% sur le premier semestre 2023, plombées par des baisses de prix de l’ordre de 10% dans ses supermarchés et hypermarchés français, décidées après une année 2022 où le groupe avait gardé un positionnement de prix plus élevé que la concurrence.

Les syndicats sur le qui-vive

La situation du distributeur est lourde d’incertitudes pour ses salariés. Daniel Kretinsky s’est engagé à «préserver le périmètre maximal possible» d’hypermarchés et supermarchés. Selon le premier syndicat du groupe, Force ouvrière, les repreneurs prévoient de «passer un grand nombre de magasins en franchise», modèle dans lequel la majorité des coûts relèvent du gérant.

La situation de Casino «augure de nouvelles transformations dont les salariés pourraient être une nouvelle fois la variable d’ajustement», a aussi alerté la CFDT Services, pour qui le passage de magasins en franchise serait autant de «restructurations qui ne disent pas leur nom». Elle espère «une réelle implication des pouvoirs publics».

Devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déclaré le 11 juillet que l’État serait vigilant sur «l’avenir des 50’000 salariés du groupe» en France et sur le maintien du siège historique du groupe à Saint-Étienne. Les candidats à la reprise de Casino ont indiqué vouloir maintenir le siège à Saint-Étienne et en faire «le centre d’innovation» du groupe.

(AFP)

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