Autoroutes, magasins, lessive…: En cas de pénurie, le Conseil fédéral veut sortir les gros moyens

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Autoroutes, magasins, lessive…En cas de pénurie, le Conseil fédéral veut sortir les gros moyens

Le gouvernement a présenté son plan par étapes en cas de risque de pénurie d’électricité. Le projet est mis en consultation express. 

Yannick Weber
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Yannick Weber
Guy Parmelin est chargé de présenter le plan du Conseil fédéral.

Guy Parmelin est chargé de présenter le plan du Conseil fédéral.

20min/Matthias Spicher

Autoroutes limitées à 100km/h, interdiction de faire une lessive à plus de 40°, fin des éclairages de vitrines des magasins et écrans publicitaires, chauffage interdit dans les boîtes de nuit, frigo réglé à 6 degrés au minimum, restriction de l’utilisation de Netflix ou autres plateformes, remontées mécaniques à l’arrêt, réduction des horaires d’ouverture des magasins d’une heure par jour, restrictions d’utilisation des voitures électriques, interdiction du minage de cryptomonnaies ou d’utiliser un fer à repasser: si la pénurie d’électricité menace, le Conseil fédéral a tout prévu. 

«Vous avez raison, c’est intrusif», a avoué Guy Parmelin lors de la conférence de presse, après avoir présenté son plan (très) détaillé des restrictions prévues. Il est mis en consultation jusqu’au 12 décembre.

Le tout se ferait par étapes, comme ce qui est déjà prévu pour le gaz. D’abord, on appellera la population à faire des économies volontaires. Et si ça ne suffit pas, c’est là que le Conseil fédéral sortira l’artillerie lourde.

D’abord, le confort

Un premier palier de restrictions concernera les lave-linge, éclairages de nuit ou cuisines. Dans un deuxième palier, on limitera le chauffage de certains lieux, les fers à repasser ou les mini-bars dans les hôtels. Dans le troisième, «quand on arrive dans le dur», selon les termes de Guy Parmelin, on ferait par exemple fermer les magasins une heure par jour ou on fermerait les stations de lavage de voiture. Ces étapes sont décrites comme étant celles qui concernent «le domaine du confort». «Chaque mesure a pour but d’éviter des mesures plus graves», explique le conseiller fédéral.

On pourrait éviter tout ça

Guy Parmelin a rappelé que des mesures ont déjà été prises, comme la réserve hydraulique ou les économies d’énergie volontaires. D’ailleurs, la Confédération a estimé que la situation s’était détendue et qu’une pénurie pourrait être évitée cet hiver. Il n’empêche, «il faut nous attendre au pire», dit Guy Parmelin. Et si ce n’est pas pour cet hiver, ce sera peut-être pour le prochain. Autant, donc, avoir des dispositions légales qui soient prêtes.

Délestages annoncés à l’avance

Puis viennent les contingentements (lire encadré). Ensuite, un quatrième palier, avec du lourd: interdiction d’utiliser des installations sportives ou de manifestations culturelles, fermeture des casinos, des parcs de loisirs ou des cinémas, par exemple.

En dernier recours, le gouvernement devra se résoudre à des délestages, c’est-à-dire à couper tout simplement le courant pour certaines zones du pays. Ces coupures se feront en alternance «on-off» pour des durées de quatre heures. «Les délestages seraient communiqués à l’avance et chaque consommateur responsable de sécuriser ses appareils pour éviter les dommages», dit le Conseil fédéral. Quant aux services vitaux, ils seraient exemptés si les conditions techniques le permettent… «ce qui serait rarement le cas», avertit-il. 

Qui décide et quand?

Mais quand ces mesures seraient-elles prises? C’est le Conseil fédéral qui prendra la décision – ainsi que quels paliers il active – en fonction de l’imminence et de l’ampleur de la pénurie attendue. «Quant aux contrôles, les Cantons en seront chargés, mais encore une fois, on fait confiance à l’intelligence et au pragmatisme de la population», a dit le conseiller fédéral.

Certaines des mesures peuvent surprendre. En quoi limiter la vitesse à 100km/h sur les autoroutes permettra d’économiser l’électricité? En fait, outre les réductions de consommation des véhicules électriques, les économies de mazout réalisées par toutes les autres voitures permettront d’utiliser le carburant pour alimenter des groupes électrogènes.

Transports publics épargnés

Les 34’000 gros consommateurs électriques seraient soumis à des contingentements d’une durée d’un mois, mais les transports publics en seraient exemptés. Ou plutôt, ils géreront leurs restrictions eux-mêmes. Les CFF, qui exploitent leur propre réseau électrique, et l’Union des transports publics ont déjà prévu des mesures. «Il sera ainsi possible de maintenir dans une certaine mesure les transports publics importants pour l’approvisionnement du pays (notamment pour le transport de marchandises) même en cas de contingentement, tout en garantissant la réalisation de l’objectif de réduction», dit le Conseil fédéral.

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