Élections au GuatemalaLa disqualification du parti d’Arevalo suspendue par la justice
La Cour constitutionnelle du Guatemala, plus haute juridiction du pays, a suspendu jeudi une décision de justice interdisant au parti Semilla (graine) du candidat social-démocrate, Bernardo Arevalo, de concourir lors du second tour de l’élection présidentielle, programmé le 20 août.
![Bernardo Arevalo. Bernardo Arevalo.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/02/d816602d-9271-48f5-b888-5df132d7f328.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1366&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=35ebbeaeec05626d381231cffbf60140)
Bernardo Arevalo.
AFPUne résolution de la Cour constitutionnelle a accordé une injonction provisoire à Bernardo Arevalo, annulant ainsi la mesure adoptée mercredi qui empêchait la participation du candidat de Semilla au scrutin, a déclaré la plus haute juridiction du Guatemala dans un communiqué.
Bernardo Arevalo avait déjà annoncé plus tôt, jeudi, le dépôt d’une plainte pour «prévarication» contre le procureur à l’origine de la suspension de l’enregistrement juridique de son parti. «Ce qui est important maintenant, c’est d’agir contre le procureur corrompu (Rafael) Curruchiche», avait-il déclaré en conférence de presse. Sandra Torres et Bernardo Arevalo, tous deux sociaux démocrates, s’étaient retrouvés en tête des 22 candidats à la présidence au premier tour, marqué par une forte abstention et un grand nombre de bulletins nuls.
Favorite des sondages et candidate malheureuse à plusieurs reprises auparavant, Sandra Torres, ex-épouse de l’ancien président de gauche Alvaro Colom (2008-2012), a obtenu presque 16% des voix. Le député Bernardo Arevalo, fils du premier président démocratiquement élu du pays Juan José Arevalo (1945-1951), a créé la surprise avec presque 12% des suffrages. Il était placé en 8e position avec 2,9% des intentions de vote dans le dernier sondage préélectoral de l’institut Prodatos.
Sanctionné par Washington
Le procureur Curruchiche, déjà visé par des sanctions de Washington en raison des poursuites intentées contre des juges anti-corruption, a ordonné jeudi une perquisition au siège du registre des électeurs. «Il y a des indices selon lesquels peut-être plus de cinq mille citoyens auraient adhéré illégalement au parti Semilla à l’aide de documents falsifiés», a fait valoir le parquet dans un communiqué. Le Tribunal Suprême Electoral (TSE) a pourtant proclamé la qualification de Sandra Torres et Bernardo Arevalo au terme d’une vérification des votes exigée par la Cour constitutionnelle à la demande des principaux perdants.
Pour Bernardo Arevalo, 64 ans, le procureur Curruchiche «tente tout simplement de semer le doute sur notre honnêteté en usant d’insinuations et d’ambiguïtés». De son côté, Sandra Torres a annoncé la suspension de sa campagne électorale afin d’assurer une compétition électorale «dans des conditions d’égalité» avec son rival. «Nous sommes tous affectés par cette confusion», a dénoncé la candidate, demandant au président sortant Alejandro Giammattei (droite) de sortir de son silence.
Des partisans d’Arevalo ont manifesté mercredi soir dans le calme devant le TSE pour exiger le «respect de leur vote». La décision de suspendre le parti de Bernardo Arevalo avait soulevé l’inquiétude et une levée de boucliers de la part de Washington, l’Union européenne (UE), l’ONU et du patronat guatémaltèque. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres «observe avec inquiétude les tentatives d’influer sur le second tour des élections et la tension croissante que cela provoque», a indiqué jeudi un porte-parole de l’ONU.
La suspension du parti Semilla en plein processus électoral «menace l’un des fondements fondamentaux de la démocratie, le respect de la volonté populaire exprimée dans les urnes», a dénoncé l’UE dans un communiqué. Cette décision «met en danger» la légitimité des élections, a averti à Washington, Matthew Miller, un porte-parole du Département d’État. Les États-Unis sont «profondément inquiets en raison de la tentative du parquet de révoquer le statut légal du parti Semilla», a-t-il dit.