BangladeshDans les usines textiles, les ouvriers sont de retour
Mercredi, de nombreux employésœuvrant dans l’industrie textile sont retournés au travail au Bangladesh, après de violentes manifestations pour augmenter les salaires.
Des centaines de milliers d’ouvriers du textile ont repris le travail mercredi au Bangladesh, bien que n’ayant pas obtenu satisfaction après des jours de manifestations violentes pour demander une hausse du salaire minimum.
Les travailleurs des usines textiles exigent un salaire mensuel minimum de 23’000 takas (184 francs) contre 8300 takas décidés par le gouvernement il y a cinq ans. Les troubles, les pires qu’ait connus ce pays pauvre d’Asie du Sud en une décennie, ont fait au moins quatre morts parmi les manifestants.
Les quelque 3500 usines textiles du Bangladesh pèsent pour environ 85% des 55 milliards de dollars d’exportations annuelles du pays, et fournissent de nombreuses grandes marques mondiales comme Levi’s, Zara ou H&M. Mais les conditions de travail sont désastreuses pour les quatre millions d’employés du secteur, dont la grande majorité sont des femmes, durement touchés par l’inflation et dont certains arrivent à peine à se nourrir.
Hausse de salaire de 56,25%
La semaine dernière, un comité mis en place par le gouvernement a décidé d’une hausse de 56,25% du salaire minimum à 12’500 takas. Mais cette mesure a été jugée insuffisante par les ouvriers qui ont poursuivi le mouvement. Au moins 70 usines ont été saccagées par les protestataires.
Le principal dirigeant syndical, Babul Akhter, a cependant appelé mercredi les ouvriers à reprendre le travail, tout en maintenant ses revendications. «Nous n’avons pas dévié de notre revendication d’un salaire minimum de 23.000 takas», a déclaré Babul Akhter à l’AFP. «Nous avons également demandé au gouvernement de libérer tous les ouvriers arrêtés», a-t-il ajouté.
Selon la police, plusieurs dizaines d’usines, principalement à Ashulia et Gazipur, dans la banlieue nord de la capitale Dacca, ont rouvert après deux jours de négociations entamées entre le patronat et les travailleurs. «Des centaines de milliers d’ouvriers sont entrés dans les usines», a déclaré à l’AFP Sarwar Alam, chef de la police industrielle d’Ashulia. «Il n’y a pas de violence, toutes les usines sont ouvertes», a-t-il ajouté.
Au moins quatre morts
Au moins quatre ouvriers ont été tués lors des manifestations, dont trois ont été abattus par les forces de l’ordre. Quelque 140 ouvriers et plusieurs dirigeants syndicaux ont été arrêtés, et environ 10’000 travailleurs font l’objet de poursuites pour violences, selon la police.
La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a rejeté la semaine dernière toute nouvelle hausse des salaires et a prévenu que les protestations pourraient entraîner des suppressions d’emplois. Plusieurs de ses ministres, ainsi que des dizaines de députés du parti au pouvoir, sont de puissants patrons du textile.