CommentaireCovid: vent de panique chez nos cousins germaniques
Confinement et vaccination obligatoire en Autriche, mesures renforcées en Allemagne… La pandémie prend une autre dimension avec cette quatrième vague hivernale. La Suisse pourra-t-elle rester en marge?
- par
- Eric Felley
Depuis une dizaine de jours, les mauvaises nouvelles viennent d’Autriche et d’Allemagne, pays voisins de la Suisse au nord et à l’est. Après avoir confiné les non-vaccinés en début de semaine, l’Autriche décide donc de confiner dès lundi toute sa population pour 20 jours afin d’enrayer l’augmentation massive des cas. Elle va, en plus, de rendre le vaccin obligatoire dès le mois de février.
L’Autriche franchit la ligne rouge
Cette fois, les autorités autrichiennes veulent franchir une ligne rouge, humainement et socialement parlant. La vaccination obligatoire est restée jusqu’ici un tabou politique dans tous les pays d’Europe. Comment s’y prendront-elles? En donnant des amendes salées aux réfractaires et en leur rendant la vie impossible? Possible, mais il y aura toujours des personnes qui ne voudront pas ingérer un produit pharmaceutique contre leur gré. On peut déjà s’attendre à ce que la Cour européenne des droits de l’homme soit rapidement saisie au nom du droit à l’intégrité physique.
L’attitude de l’Autriche a un côté intimidant pour ses voisins européens et forcément la Suisse, où l’on peine déjà à s’accorder sur le certificat sanitaire. Chaque pays veut faire selon ses propres règles, soit, mais le voisinage risque de devenir délicat avec des approches aussi différentes de chaque côté de la même frontière. Cela favorisera forcément un repli de part et d’autre.
Le certificat plus un test
Les autres mauvaises nouvelles viennent d’Allemagne, où les certificats sanitaires ne sont plus délivrés avec des tests, mais seulement pour les personnes vaccinées et guéries. Mais, et c’est nouveau, les autorités envisagent d’exiger des tests pour les personnes qui sont vaccinées ou guéries… Ces mesures s’appliqueraient en cas de fortes poussées de la pandémie dans certaines régions ayant dépassé un seuil (6 malades pour 100’000 habitants) qui paraît bas.
Dans ces deux pays, le fait d’avoir un certificat est en train de perdre sa valeur de sésame automatique. Cela signifie que l’on fait de moins en moins confiance dans l’immunité que procurent les vaccins ou les anticorps des personnes guéries. Il faudrait y ajouter une double sécurité avec un test fait dans les 24 heures.
Comme on l’a entendu jeudi dans la conférence de presse d’hier d’Alain Berset et de Lukas Engelberger, la Suisse officielle observe et temporise, mais sa population ne peut s’empêcher d’élaborer des scénarios qui n’ont rien de réjouissants. Cependant, si l’autoritarisme autrichien a de quoi nous inquiéter, la Suisse a une autre culture politique qui rend légalement difficile de franchir la ligne rouge en matière de vaccination obligatoire voire forcée.