Bande dessinéePénélope Bagieu à l’honneur à Lausanne, «cette ville qui grimpe»
L’auteure de «Culottées» a droit à sa première rétrospective et c’est BDFIL qui la lui offre. Flattée, elle sera là ce week-end pour des rencontres et dédicaces. Et un chocolat chaud.
- par
- Michel Pralong
Dans ce BD-FIL nouvelle formule, codirigé par deux femmes, Léonore Porchet et Gaëlle Kovaliv, il n’est guère surprenant que le premier invité d’honneur soit une invitée. Et tant qu’à faire, autant prendre l’une des meilleures créatrices actuelles, la Française Pénélope Bagieu.
Avec ses portraits de femmes, «Culottées», elle a remporté la plus haute récompense BD aux USA, un Eisner. Sa série «Joséphine» a été adaptée au cinéma, tout comme son formidable «La page blanche», sur un scénario de Boulet. Ce dernier film, avec Sara Giraudeau, sera d’ailleurs diffusé à BDFIL samedi. Et dans son dernier livre, «Les strates», elle revient sur plusieurs épisodes qui ont marqué sa vie. Mais quelle a été sa réaction lorsqu’on lui a appris qu’on allait faire une rétrospective de son œuvre?
«J’étais très contente et flattée, mais je trouve bizarre ce terme de rétrospective, on dirait que j’ai 40 ans de carrière». Alors que cela ne fait en effet qu’une bonne quinzaine d’années qu’elle sort des BD, une douzaine et si ce n’est pas encore une grosse quantité, c’est toujours de la qualité. L’expo à Lausanne le montre. «C’est Gaëlle Kovaliv qui est venue me voir. Cela m’a donné l’occasion de ressortir des tas de choses de mes tiroirs, elle a fait le tri et est repartie avec une valise. Je me réjouis de voir le résultat ce week-end».
Si Pénélope Bagieu n’a pas 40 ans de carrière, elle a presque 40 ans de dessin puisqu’elle se souvient que déjà à 3 ans, c’est ce qu’elle voulait faire. «J’étais la fille idéale, puisque partout où mes parents allaient, ils n’avaient qu’à me poser à un endroit avec une feuille et des crayons et je ne bougeais plus. J’étais encore toute petite quand j’ai dit à ma maman que je serai dessinatrice et elle m’a répondu: «Bien sûr ma chérie» et n’a jamais tenté de m’en dissuader depuis».
Ses premières BD: Gotlib
La première salle de l’expo montre ses goûts en BD. Qui sont excellents puisque la série qu’elle a la plus lue est l’extraordinaire «Bone», de Jeff Smith et que Gotlib figure parmi ses favoris. «Je ne lisais pas beaucoup de BD enfant, on avait des Tintin à la maison mais je n’aimais pas. Ma première lecture, c’était Gotlib. Je trouvais incroyable comme on ressentait les émotions des personnages rien qu’en voyant leur visage. Je ne comprenais évidemment pas tous les gags, j’étais trop jeune. Et j’ai même lu des albums qui n’étaient pas du tout destinés à des enfants de mon âge, comme «Hamster Jovial» ou «Pervers Pépère», mais ça me plaisait».
Si elle fait des jeux vidéo, participe à des émissions de «Donjon et dragon», l’activité préférée de Pénélope Bagieu reste le dessin. «Je dessine tout le temps, je m’y plonge totalement, c’est ma soupape, mon échappatoire. Et les bases de mon dessin ont vite été posées, même si j’ai bien sûr évolué et que je continue à le faire».
On en découvre plus sur elle dans l’expo, mais aussi dans «Les strates». «Ce sont des histoires sur moi, que j’ai écrites pendant 10 ans. Sans volonté de faire un livre. Et puis cela a fini par constituer quelque chose alors le livre s’est fait. Je reviens avec humour sur certains passages de ma vie, mais croyez-moi, quand je les ai vécus, c’était parfois vraiment douloureux, Comme quand je vais au concert de ce garçon, sûre qu’il s’intéressait à moi alors que pas du tout. En publiant la BD, j’angoissais: pourvu qu’il ne la lise pas, pour ne pas qu’il se reconnaisse. Et puis après, même s’il le faisait, qu’importe. Mais c’est bien de prendre du recul sur soi-même».
Un doux souvenir à Lausanne
Connaît-elle Lausanne, où elle sera présente ce samedi 13 et dimanche 14 mai? «Oui, j’y suis venue, mais dans le cadre du travail, lorsque je faisais des dessins pour «Femina». Je n’ai pas trop eu le temps de visiter, j’espère que je pourrais le faire un peu. Mais je me souviens de deux choses. De l’incroyable chocolat chaud dans lequel la cuillère tient toute seule (celui du Barbare, ndlr). Et que c’est une ville qui grimpe!»
Pénélope dédicacera ce week-end. «Si les gens viennent faire dédicacer «Culottées», je leur demande de choisir quelle femme célèbre ils veulent». Et deux rencontres sont prévues avec elle, l’une le 13 mai, avec Sandrine Deloffre sur le thème «BD en ligne: contraintes ou liberté?». L’autre le 14 mai, où elle reviendra sur la création de sa série «Joséphine».