AthlétismeLe saut en longueur pourrait faire disparaître sa planche
Sous l’impulsion de World Athletics, une réforme de la discipline cherche à transformer la planche d’appel en zone d’appel. Les sauteurs s’insurgent.
- par
- Florian Vaney
La modernisation du sport ne s’arrête pas au football et au tennis. Le monde de l’athlétisme se trouve en plein chantier de rénovation, à en croire les propos du directeur général de World Athletics, Jon Ridgeon. Au cœur des débats actuels: le saut en longueur, qui pourrait voir s’envoler sa planche d’appel.
La nouvelle a créé un tollé parmi les acteurs, passés et présents, de la discipline. Le projet est le suivant: remplacer l’actuelle planche d’appel, que les sauteurs ne doivent pas dépasser sous peine de voir leur tentative invalidée, par une zone d’appel. La zone serait beaucoup plus grande, et la mesure du saut s’effectuerait alors depuis le point d’impulsion.
Les tests de la nouvelle méthode ont débuté, selon les dires de Jon Ridgeon dans le podcast «Anything but footy». La démarche vise à supprimer les sauts mordus, qui représentaient 33% des tentatives aux derniers Mondiaux de Budapest, dans une idée de maximisation du spectacle et de minimisation des temps morts.
Pas avant 2026
Dans les faits, chaque saut serait ainsi mesuré de l’endroit du décollage jusqu’au point d’atterrissage. D’où le soulèvement des athlètes, qui perdraient une dimension technique majeure de leur discipline. Figure emblématique du saut en longueur, Carl Lewis, quadruple champion olympique, s’est notamment étranglé sur X. «La longueur est l’épreuve la plus difficile de l’athlétisme, et cette réforme en ferait disparaître l’élément technique le plus délicat. Est-ce qu’on agrandit le panier de basket parce que beaucoup de joueurs ratent leurs lancers francs?»
Vers la création d’un sport à deux vitesses
Le boss de World Athletics s’attendait à la virulence des réactions engendrées. «Vous ne pouvez pas apporter des changements dans un sport qui a été inventé il y a 150 ans sans susciter de polémiques. Si vous avez consacré votre vie à perfectionner votre technique pour sauter avec une planche d’appel et qu’elle est remplacée par une zone d’appel, je comprends tout à fait qu’il puisse y avoir une résistance.» Il note par ailleurs que cette réforme ne verrait pas le jour en compétition officielle avant 2026.
Autre point de friction: la création d’un sport à deux vitesses. Pendant que les amateurs continueraient de procéder «à l’ancienne», les professionnels fonctionneraient avec les nouvelles normes. À l’image, on y revient, de ce qu’il s’est passé avec la vidéo dans le football et le tennis. Contre vents et marées, World Athletics saura-t-il imposer ses idées?