AgricultureUne réforme sans mesures pour le climat et la biodiversité
Le Conseil des États a repris ce mardi la réforme PA22+ avec la poursuite d’une agriculture intensive. Les associations écologiques dénoncent une «tragédie de la politique agricole».
- par
- Eric Felley
Après deux ans de suspension, le Conseil des Etats a repris ce mardi la réforme de la politique agricole PA22+ sous la houlette du conseiller fédéral Guy Parmelin. Le projet a été revu à la baisse, notamment sur tous les aspects écologiques et climatiques, où la gauche a été battue. «Nous avons besoin d’une politique agricole intensive et durable», a déclaré Ruedi Noser (PLR/ZH). Les sénateurs ont largement suivi cette ligne.
Pour la minorité rose-vert, Adèle Thorens (V/VD) a déploré que ses collègues renoncent aux mesures pour la biodiversité qui étaient prévues dans le projet initial de la PA22+. On n’y trouve pas trace non plus de mesures en faveur du climat avec des objectifs de réduction des gaz à effet de serre. «Nous ne pouvons pas attendre 2030 pour engager de manière conséquente notre agriculture dans la lutte contre le réchauffement climatique», a plaidé en vain la Vaudoise. Par ailleurs, la droite a refusé d’aller plus loin dans des mesures garantissant le bien-être des animaux.
Quelques avancées
Guy Parmelin a défendu une politique «des petits pas… plutôt que de forcer et de n’arriver à rien du tout». Des propositions pour réduire les primes pour les assurances récolte ou pour une meilleure couverture sociale du partenaire dans l’exploitation ont été acceptées. Le conseil a également adopté une motion qui charge le Conseil fédéral de traiter dans un autre texte la révision du droit foncier rural, qui était prévue pourtant dans la PA22+.
Huit années de perdues
Les associations de protection de la nature ont vivement réagi à cette PA22+ toujours orientée vers la production intensive. Pro Natura, Greenpeace, le WWF et BirdLife ont signé un communiqué commun titré «Tragédie de la politique agricole. 8 ans d’immobilisme au lieu de changement». La prochaine politique agricole est prévue pour 2030. Les associations déplorent la perte de «huit précieuses années durant lesquelles la résilience des systèmes agroalimentaires pourrait être améliorée. Huit ans où les subventions nocives à la biodiversité continueront d’être versées, les pesticides et les engrais minéraux indirectement subventionnés et la promotion des produits animaux payée avec nos impôts».
Le dossier doit passer au Conseil national et les associations lancent un appel aux parlementaires: «Nous appelons le Conseil national à se mettre au travail pour proposer une politique agricole qui renforce la résilience et la capacité d’adaptation du secteur, qui soutient les agricultrices et agriculteurs dans la transition et qui protège les bases mêmes de la production, la nature».