Formule 1: Le drame a été évité de justesse

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Formule 1Le drame a été évité de justesse

Esteban Ocon s’est arrêté pour changer ses pneus au tout dernier tour du Grand Prix d’Azerbaïdjan, quand les photographes s’étaient déjà entassés devant le podium, au milieu de la voie des stands.

Luc Domenjoz
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Luc Domenjoz

Le règlement contraint chaque pilote à changer ses pneus au moins une fois par Grand Prix. A Baku, les pneus durs fournis par Pirelli étaient tellement résistants qu’ils pouvaient pratiquement tenir toute la course sans être changés. Aucune dégradation. Parti des stands, Esteban Ocon ne s’est donc pas arrêté, espérant (vainement) la neutralisation derrière une voiture de sécurité pour changer ses gommes en perdant moins de temps.

Seulement, cette neutralisation n’est jamais arrivée, et le Français a donc été obligé de s’arrêter au dernier tour. Le problème, c’est que le règlement autorise les photographes et le personnel du circuit (les commissaires) à se tenir dans la voie des stands lors du dernier tour de course pour préparer la cérémonie du podium. Les premiers pour se poster sur le mur en face du podium, les seconds pour placer les barrières protégeant le parc fermé des premiers, là où vont s’arrêter les voitures à la fin de la course.

Le cas improbable d’une voiture s’arrêtant su dernier tour n’est quasiment jamais arrivé dans l’histoire de la F1 moderne, et quand Esteban Ocon est entré dans la voie des stands pour changer ses gommes, il est tombé nez à nez avec un groupe de photographes qui venaient de l’envahir. Heureusement que la vitesse est limitée à 80 km/h à l’entrée des stands! Dans le bon vieux temps (les années ’80), la vitesse n’était pas limitée devant les garages, et les monoplaces y déboulaient à plus de 200 km/h.

Les commissaires parlent aux commissaires

À Baku, Esteban Ocon a pu freiner à temps pour éviter les photographes, qui se sont retirés dès qu’ils ont compris la situation. Mais le drame a été évité de justesse. À la fin de la course, les commissaires du Grand Prix (ceux envoyé par la Fédération Internationale de l’Automobile, la FIA) ont convoqué…. les commissaires du Grand Prix (ceux d’Azerbaïdjan) pour comprendre ce qui s’est passé.

Tard le soir de la course, les commissaires du Grand Prix (ceux de la FIA) ont décidé de modifier les procédures de fin de course afin que les commissaires du Grand Prix (les locaux) et les photographes ne puissent plus envahir la piste avant que la dernière monoplace n’ait franchi la ligne d’arrivée. Même au cas improbable où un pilote s’arrêterait aux stands dans le dernier tour, il trouvera ainsi une voie des stands dégagée

Verstappen veut une explication

Max Verstappen était largement parti pour remporter le Grand Prix d’Azerbaïdjan, jusqu’à ce que son équipe ne décide de le rappeler pour changer ses pneus au moment où Nick de Vries est sorti de piste au virage 6. Une mauvaise décision, puisque la voiture de sécurité a neutralisé la course juste après, ce qui a permis à Sergio Perez de changer ses pneus « gratuitement » (alors que la course était neutralisée), permettant au Mexicain de prendre la tête.

Max Verstappen a terminé deuxième.

Max Verstappen a terminé deuxième.

IMAGO

Max Verstappen a donc été victime d’une faute à « pas de bol », mais le champion du monde, après la course, a exigé des explications de la part de son écurie. « Quand on a vu que Nick de Vries était sorti, on a regardé les images », explique Christian Horner, le patron de l’équipe Red Bull. « Il semblait que sa voiture était intacte, elle n’avait pas tapé la barrière, et il semblait que son moteur tournait toujours. Il allait donc pouvoir repartir. Comme Max commençait à avoir des difficultés avec ses pneus médiums, on a voulu en profiter pour les changer… nous n’avions pas vu que la roue avant gauche de de Vries était cassée et que la voiture de sécurité allait intervenir. Pas de chance pour Max. »

Une autre ligue

Pour la huitième fois consécutive, Charles Leclerc n’a pas pu transformer une pole-position en victoire le dimanche.

Charles Leclerc a décroché son premier podium de la saison.

Charles Leclerc a décroché son premier podium de la saison.

IMAGO

À Baku, le Monégasque a terminé troisième. Pas si mal en comparaison des maigres six points qu’il avait marqué au total pendant les trois premiers Grands Prix. Mais très loin des ambitions de Ferrari. « On ne pouvait rien faire contre les Red Bull aujourd’hui, regrettait Charles Leclerc après l’arrivée. En course, elles étaient dans un autre championnat que nous. Sur 51 tours, il était impossible de les garder derrière. Dans un premier temps, j’ai tenté de suivre leur rythme, mais ensuite j’ai surtout fait attention à ne pas trop dégrader mes pneus. Et j’ai bien fait, puisque Fernando Alonso a terminé moins d’une seconde derrière moi. Si j’avais usé mes gommes un peu plus en début de course, je ne finissais même pas sur le podium… »

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