Hockey sur glaceLe HC Bienne n’entrevoit toujours pas le bout du tunnel
Enlisé en queue de classement, le HC Bienne (12e) veut rester cool. Mais on ne sent pas vraiment de sentiment d’urgence dans le camp seelandais. Les Biennois ne vont-ils pas finir par se brûler les ailes?
- par
- Cyrill Pasche
La «Cool Attitude» a été la grande force du HC Bienne au cours des dernières années. Même de longues et pénibles séries de défaites - si, si, il y en a aussi eu à l’ère Antti Törmänen - n’ont jamais réussi à plonger le HCB en situation de crise.
La phrase culte du directeur sportif Martin Steinegger, sortie en janvier 2020 à Davos après un huitième revers consécutif, est d’ailleurs restée célèbre dans le Seeland: «Ce n’est pas une crise, mais juste une crise de résultats», avait alors déclaré le GM du HCB, le plus sérieusement du monde.
Dans la victoire ou la défaite, ces Biennois qui ne connaissent décidément pas la crise, sont toujours restés relax, cool, tranquilles. C’est même devenu leur marque de fabrique.
Sauf que cette fois-ci, on ne peut s’empêcher de penser que le HCB risque bien, à force d’un peu trop jouer avec le feu, de finir par se brûler les ailes.
Malgré les résultats en dents de scie et l’accumulation de performances décevantes, on ne décèle pas (encore) de sentiment d’urgence. Les Biennois, 12es avant de jouer à Zoug ce samedi (19h45), ne sont-ils pas un peu trop cool? Ou peut-être ont-ils trop d’excuses en stock?
L’excuse du changement d’entraîneur
Le très décrié Petri Matikainen, qui souffre de la comparaison avec son prédécesseur Antti Törmänen, ne s’est pas fait davantage d’amis vendredi soir après la défaite 2-5 contre Lugano à domicile et une autre performance en demi-teinte de son équipe. Problème tactique? Problème relationnel? Autre souci? Après six semaines de compétition, l’excuse du changement de coach et du passage du très apprécié Antti Törmänen au renfrogné Petri Matikainen a dépassé sa date de validité.
Excuse non valable.
L’excuse des blessés
Damien Brunner, Fabio Hofer, Luca Hischier sont encore à l’infirmerie. Et ce n’est pas rien, même si les jeunes (Reichle, Schläpfer, Reinhard) font le boulot et colmatent quelques brèches. Mike Künzle vient tout juste de jouer contre Lugano son premier match de la saison en championnat. Le Suédois Jesper Olofsson retrouve gentiment la forme après avoir été malade en début de campagne. Le HC Bienne n’a d’ailleurs jamais aligné simultanément ses deux blocs offensifs les plus dynamiques (la redoutable «H₂O» avec Haas, Hofer, Olofsson et la spectaculaire ligne des Zurichois avec Künzle, Cunti et Brunner). Le défenseur offensif, Alexander Yakovenko, n’a joué que cinq matches. C’est un fait, le HCB n’a pas été verni en termes de blessures et de pépins physiques. A l’autre bout de la chaîne par exemple, le leader Fribourg-Gottéron (15 matches, 37 points) a été grandement épargné par les coups durs. Et cela fait évidemment une grosse différence.
L’excuse des blessés est parfaitement validée.
L’excuse du blues du «vice-champion»
Comme Genève-Servette, le champion, le HC Bienne, finaliste, a pris du retard dans sa préparation estivale en raison des «prolongations» liées à la finale des play-off. Conséquence: Genevois et Biennois, qui tous deux ont encore la gueule de bois mais pour des raisons différentes, retrouveront probablement leur meilleure forme bien plus tard que leurs autres concurrents de National League. Lors du dernier exercice, L’EV Zoug - double champion de Suisse en 2021 et 2022 - n’a été performant que sur le tard, en deuxième partie de saison, après avoir connu beaucoup de difficultés lors de la première phase du championnat. Le HC Bienne, pris dans un invraisemblable ascenseur émotionnel durant les derniers play-off et si proche du titre national (défaite au 7e match de la finale), mettra peut-être un peu plus de temps pour se remettre les idées en place.
Excuse acceptée, mais uniquement jusqu’à la fin de l’année.