TéhéranL’Iran dénonce une «politique de déstabilisation» de la part des États-Unis
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a accusé jeudi Washington de vouloir déstabiliser la République islamique, théâtre depuis un mois de manifestations antigouvernementales déclenchées par la mort de Mahsa Amini.
«Suite à l’échec de l’option militaire et des sanctions américaines, Washington et ses alliés ont recours à une politique de déstabilisation vouée à l’échec», a déclaré jeudi le président iranien, Ebrahim Raïssi. Il s’exprimait à Astana au Kazakhstan, au sommet de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), un forum de coopération de 27 pays asiatiques, selon la présidence iranienne. Selon lui, les Iraniens ont «invalidé l’option militaire américaine et infligé une défaite humiliante à la politique de sanctions et de pression maximale» adoptée par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.
Les manifestations se poursuivent en Iran depuis le décès le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans morte trois jours après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile. Le mouvement a entraîné des manifestations de solidarité à l’étranger ainsi que des sanctions américaines et européennes visant des responsables iraniens impliqués dans la répression des manifestations ayant fait des dizaines de morts et des centaines d’arrestations.
Les États-Unis ont réimposé des sanctions sévères à Téhéran depuis leur retrait unilatéral en 2018 sous Donald Trump d’un accord nucléaire conclu trois ans plus tôt entre l’Iran et les grandes puissances. «La raison du succès du peuple iranien et ce qui terrifie les puissances dominatrices, c’est l’attention que prête la nation au progrès, grâce à sa force intérieure», a jugé jeudi M. Raïssi.
Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot dans les grandes politiques de l’État, a de nouveau accusé mercredi les «ennemis» d’être impliqués dans les manifestations. Le 3 octobre, dans sa première réaction aux manifestations, il avait accusé les États-Unis, Israël et leurs «agents» d’avoir fomenté le mouvement de contestation.
Le président américain, Joe Biden, a déclaré le 4 octobre que les États-Unis «continueraient à demander des comptes aux responsables iraniens et à soutenir le droit des Iraniens à manifester librement», sans aucune indication sur les mesures envisagées contre l’Iran. Téhéran a fustigé son «hypocrisie». Les États-Unis ont annoncé le 6 octobre des sanctions économiques contre sept hauts responsables iraniens pour leur rôle dans la répression des manifestations, après une première salve de sanctions annoncée le 22 septembre contre la police des mœurs iranienne et plusieurs responsables de la sécurité.