Jura bernoisLe vigneron de «L’amour est dans le pré» passe à l’orange
Ancien candidat de l’émission de M6, Jean-Daniel Giauque produit à La Neuveville un vin de macération d’origine géorgienne.
- par
- Vincent Donzé
L’amour est peut-être dans le pré, mais il n’est pas entré dans le vignoble de Jean-Daniel Giauque (56 ans), ancien participant de l’émission de M6 qui permet à des agriculteurs et des agricultrices célibataires de faire des rencontres. À défaut de butiner, le truculent vigneron s’implique dans son travail en vinifiant un vin orange d’origine géorgienne.
Il y a deux ans, Jean-Daniel Giauque participait à la 16e saison de l’émission «L’amour est dans le pré» animée par Karine Le Marchand, avec la ferme intention de trouver l’âme sœur. Las! Le vigneron a fait chou blanc. «Moi je voudrais, mais y en n’a pas…» déplore ce vigneron en quête d’une histoire sérieuse, pas passagère.
À 800 kilomètres
«Des femmes m’ont contacté après l’émission, mais elles habitent parfois à 800 kilomètres…» témoigne Jean-Da. Ce quinquagénaire a rencontré une Danoise établie en France, mais la rencontre n’a pas débouché sur une idylle. «Elles doivent savoir que l’agriculture, c’est compliqué. Quand elles voient que ce n’est pas la belle vie, elles repartent en courant», reprend Jean-Da.
Deux fois, un accident vasculaire cérébral a calmé ses ardeurs et réduit sa consommation d’alcool. Ces deux AVC qui ont touché le cervelet provoquent des étours au vigneron qui porte un stent depuis la quarantaine. «Trop de stress, de désespoir, de travail…» soupire Jean-Da, parfois déprimé, limite dépressif. L’homme est sensible, à fleur de peau. «C’est mon côté artiste… Moi, je parle à la vigne et elle me répond», dit-il.
Domaine du Signolet
Son coq chante dans la cour du domaine du Signolet, au-dessus du vieux bourg de La Neuveville. Le vigneron aussi, qui chante «les filles que j’ai bien voulu prendre», mais les paroles qui lui vont mieux, ce sont les «matins tristes au goût de cendres», comme il le déclame aussi.
Sentimentalement, «c’est zéro», comme il dit. Mais Jean-Daniel a gardé contact avec la moitié de sa volée de «L’amour est dans le pré». Un rendez-vous est d’ailleurs pris pour l’an prochain à La Neuveville avec un lavandier, un meunier ou d’autres recrues de l’association ADP Tour, ADP comme «amour dans le pré».
Dans son fromage
Le vigneron n’a pas perdu la repartie qui a fait son succès dans l’émission de M6, avec des répliques comme «l’homme qui est tombé dans son fromage». Il chante du Johnny Hallyday pour dire qu’on lui ouvre son cœur en deux, un titre qui a donné le nom de la cuvée «Cœur en deux», après «L’amour au cœur des vignes» vite épuisée, et maintenant «Geo orange».
Ni rouge, ni blanc, ni rosé, le vin de macération orange est né dans le Caucase il y a 6000 à 8000 ans, mené à maturation dans des jarres en terre cuite enterrées. Comme Jean-Daniel Giauque l’a expliqué à «ArcInfo», il s’agit de laisser macérer pendant plusieurs semaines le raisin foulé avec pulpes, peaux et pépins, avant le pressurage.
Pinot gris et chardonnay
Dans la région des Trois-Lacs, Jean-Daniel Giauque était un précurseur, dans son domaine du Signolet, en utilisant des cépages blancs comme du pinot gris et du chardonnay. Puis il a délaissé son vin orange arrivé trop tôt pour le produire à nouveau en surfant sur une mode.
Sur l’étiquette, un cœur donne le ton. «J’aime beaucoup la Géorgie, les vins orange et, bien sûr, les Géorgiennes…» Son vin orange reste un produit de niche, avec 500 bouteilles par millésime. À la tête de cinq hectares de vignes, dont 3,5 en propriété, le vigneron de La Neuveville cultive pas moins de 23 cépages blancs, lui qui est aussi éleveur de vaches d’Hérens.
Sur les peaux
Pour son «Geo Orange», il assemble des variétés aromatiques: 90% de muscat et 10% de gewurztraminer. La macération donne à ce vin non filtré une belle couleur orangée et un tanin qui convient bien à la cuisine asiatique épicée.
Jean-Daniel ne regrette pas sa participation à la saison 16 de «L’amour est dans le pré», génératrice «de camaraderie et d’amitié», mais aussi de clientèle. Au Salon de l’agriculture à Paris comme au Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand, Daniel Giauque s’est fait accoster. «Les Français ont un beau souvenir de moi», se console le vigneron neuvevillois.