Réseaux sociaux: Les vidéos de bagarres entre jeunes sont des trophées

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Réseaux sociauxLes vidéos de bagarres entre jeunes sont des trophées

Une majorité de jeunes ont déjà été confrontés à des représentations de violence sur Instagram. Pour protéger les plus vulnérables, parents et écoles doivent leur montrer les dangers des réseaux sociaux.

Image prétexte.

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20min/Lecteur-reporter

À la question «As-tu déjà vu de la véritable violence sur les réseaux sociaux?» posée sur leur compte Instagram par le «SonntagsBlick», 86% de 363 jeunes ont répondu oui – occasionnellement ou souvent. Ces vidéos montrant des scènes d’humiliation physique et psychique atteignent des dizaines de milliers de personnes en Suisse. Selon Lothar Janssen, théologien, psychothérapeute et président de l’Institut suisse pour les questions de violence, ces escalades de violence filmées constituent des «trophées, comme les scalps des ennemis tués dans les romans de l’écrivain allemand Karl May», pour les personnes qui les mettent en ligne.

Jeunes en situation stable moins réceptifs

Interrogés sur leurs réactions face à ces vidéos, la plupart des jeunes ont clairement balayé du revers de la main ces films de bagarres et les ont même signalés. Personne ne les a considérés comme étant «cool». Lothar Janssen note d’ailleurs que les jeunes stables, qui sont par exemple membres d’un club de sport et ont un environnement stable, ignorent la violence entre jeunes sur les réseaux. Mais les plus instables peuvent être très réceptifs aux auteurs de violence représentés en héros, et en retirer «un sentiment d’espoir de reconnaissance et de pouvoir», selon le spécialiste. Le principe serait identique à celui utilisé dans la radicalisation des groupes islamistes ou d’extrême droite en ligne. Les jeunes vulnérables peuvent s’y identifier, s’y isolent, pour finir par tomber eux-mêmes dans la violence.

Responsabilité parentale et des écoles

Pour remédier à cette problématique, la censure sur le web n’est pas réaliste dans des sociétés ouvertes, estime Chantal Billaud, directrice adjointe de la Prévention suisse de la criminalité. Il serait bien plus important de montrer aux jeunes les risques liés aux coins sombres de la Toile et de les aider à les classer correctement. Un travail d’accompagnement qui revient aux parents, selon elle. Lothar Janssen pense pour sa part que l’éducation à l’utilisation correcte des réseaux sociaux revient plutôt à l’école, les enfants qui ont des problèmes étant souvent négligés à la maison et sans accompagnement parental. Il remplit lui-même ce rôle en tant qu’enseignant et conseiller des élèves dans deux écoles cantonales zurichoises. Pour lui, la clé du succès réside dans le fait de rester en contact permanent avec les jeunes.

Violence entre jeunes pas plus fréquente, mais plus visible



(ewe)

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