Guerre en Ukraine: Pour aider les sourds ukrainiens, une montre connectée

Publié

Guerre en UkrainePour aider les sourds ukrainiens, une montre connectée

Alors que les alertes aériennes s’enchaînent en Ukraine, les malentendants et sourds représentent une population à risques, faute de pouvoir réagir à temps.

Les explosions peuvent ne pas être entendues par les sourds, en Ukraine.

Les explosions peuvent ne pas être entendues par les sourds, en Ukraine.

AFP

Sirènes d’alerte et bombardements inaudibles, incompréhension aux checkpoints… Pour les Ukrainiens souffrant de surdité, les défis d’un pays en guerre sont décuplés et une montre connectée doit les aider à y répondre.

«Le principal problème est l’accès à l’information pour les personnes malentendantes. Au début de la guerre, il n’y avait pratiquement rien pour ces personnes», explique à l’AFP Tetiana Kornienko, présidente par intérim de la Société ukrainienne des sourds (UTOG) à Kiev. «Il n’y avait pas d’application pour les sirènes d’alerte aérienne et quand le président du pays parlait, il n’y avait pas de traduction» en langue des signes, ajoute la responsable.

Fuite angoissante

Aux premiers jours de l’invasion russe, comme beaucoup d’Ukrainiens, des personnes sourdes ont dû quitter leur domicile, une fuite rendue plus angoissante encore par le handicap. Des habitants des régions de Kherson (Sud), Donetsk et Lougansk (Est), près de la ligne de front, «ont évoqué les barrages routiers, c’était très effrayant, parce qu’ils ne pouvaient pas entendre (les ordres ou les consignes), ils ne comprenaient pas où ils pouvaient aller», raconte Tetiana Kornienko.

Selon UTOG, environ 4000 personnes malentendantes résidaient à Kiev et dans sa région avant la guerre. «Aujourd’hui, il en reste encore de 700 à 1000», dénombre Tetiana Kornienko.

Langue des signes et alertes aériennes

L’association a en conséquence commencé à traduire en langue des signes les déclarations quotidiennes sur les réseaux sociaux du président Volodymyr Zelensky, de membres du gouvernement et aussi de l’état-major des forces armées.

L’organisation a aussi mis en place des groupes sur la messagerie Telegram pour informer notamment des alertes aériennes. Pour remplacer ces sirènes, inopérantes pour les sourds, ou des applications mobiles sur les téléphones qui alertent par un signal sonore, l’association promeut une montre connectée qui vibre à chaque alerte.

Retrouvée grâce à sa montre connectée

En janvier à Dnipro (Sud), une jeune femme malentendante âgée de 27 ans, survivante d’un bombardement sur un immeuble d’habitation qui a fait 45 morts, a été retrouvée notamment grâce à sa montre connectée. «Elle a été extraite des décombres après avoir utilisé la montre intelligente qui lui a permis d’écrire à sa mère qu’elle était en vie», selon Tatiana Kornienko. «Les personnes sourdes ne peuvent pas crier sous les décombres» pour se faire repérer faute d’entendre quand des sauveteurs sont à proximité, relève-t-elle.

Depuis, l’association, faute d’avoir les moyens d’en distribuer aux milliers de malentendants qui en auraient besoin, milite auprès du gouvernement pour donner un meilleur accès à ces montres. Car cette solution technologique peut coûter plusieurs centaines d’euros suivant les modèles et reste un luxe dans un pays pauvre et en guerre.

«J’ai senti une vibration»

Bénévole dans l’association, Andriï Ieger, 61 ans, porte la fameuse montre, qu’on lui a offerte pour son anniversaire. C’est «au cas où, après ce qui s’est passé à Dnipro», dit-il. Et les bombardements, il s’y est habitué, les ressentant faute de les entendre.

Un jour, alors qu’il conduisait sa voiture, une roquette est tombée tout près. «Tout s’est ralenti en moi, il y a eu une explosion à proximité. J’ai senti une vibration sur mon corps», relate-t-il, en agitant ses mains sur son corps. «J’ai vu des gens (autour) et de la fumée. J’ai pris mon téléphone, j’ai commencé à lire les nouvelles et là, j’ai vu qu’il y avait eu une explosion».

(AFP)

Ton opinion

1 commentaire