Bellinzone - Credit Suisse accusé d’avoir blanchi l’argent de la drogue

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BellinzoneCredit Suisse accusé d’avoir blanchi l’argent de la drogue

Pour une affaire qui remonte aux années 2000, la grande banque est attaquée par le Ministère public de Confédération. Une première pour un établissement de cette importance en Suisse.

Eric Felley
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Eric Felley
Credit Suisse va plaider l’acquittement dans cette affaire qui l’amène devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone.

Credit Suisse va plaider l’acquittement dans cette affaire qui l’amène devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone.

AFP

Credit Suisse, avec l’une de ses conseillères en placement, deux Bulgares et un ancien employé de la banque Julius Bär, sont jugés dès ce lundi devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone. Le Ministère public de la Confédération les accuse d’avoir blanchi de l’argent issu du trafic de drogue dans les années 2004 à 2007. Le réseau des trafiquants passait notamment par Martigny, Genève et Montreux. Entre 40 et 70 millions de francs seraient passés par la Suisse à cette époque, où la mafia bulgare était très active dans le trafic de cocaïne. On parle ici de plusieurs dizaines de tonnes depuis l’Amérique du Sud vers l’Europe.

«Où sont passés les banquiers raffinés?»

Cette mafia, dont le chef Evelin Banev est aujourd’hui en fuite, avait réussi à infiltrer divers milieux en Suisse, notamment celui de la lutte en Valais. C’est pourtant une joueuse de tennis bulgare qui est sur le banc des accusés. Celle-ci était conseillère à la clientèle à Credit Suisse et s’occupait des comptes de ses compatriotes. Pour pouvoir attaquer la banque en responsabilité, il faut une personne physique. Dans la presse alémanique, l’ancienne joueuse estime qu’elle paie pour les autres: «Où sont passés tous les banquiers raffinés qui ont signé les contrats à l’époque?» a-t-elle déclaré dans la «NZZ».

Credit Suisse plaide l’acquittement

Dans cette affaire, le Ministère public entend réclamer à la banque le paiement de plus de 42 millions de francs. Un montant qui correspondrait aux profits réalisés avec l’argent du crime et aux fonds qui ont disparu quand l’enquête s’approchait du clan bulgare. Mais pour Credit Suisse, ces fonds provenaient des activités immobilières d’Evelin Banev et Cie. L’établissement «rejette formellement les accusations portées contre lui dans cette affaire appartenant au passé et est également convaincu de l’innocence de son ancienne collaboratrice». Voilà pour le fond. Sur la forme, les avocats de la défense vont démontrer que les faits retenus par le Ministère public sont aujourd’hui prescrits après 15 ans. Tous les actes antérieurs au 4 mars 2007 seraient dans ce cas.

Les premières investigations ont commencé en 2008. Elles ont mobilisé trois procureurs fédéraux et ont abouti à deux actes d’accusation de 600 pages chacun. Le procès est prévu pour durer 20 jours.

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