Critique: les Guns N’ Roses font un concert marathon de trois heures à Berne

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CritiqueLes Guns N’ Roses font un concert marathon de trois heures à Berne

Le groupe américain a joué mercredi 5 juillet dans la capitale. Trente titres sublimés par Slash à la guitare mais trop souvent gâchés par les changements d’intonation insupportables d’Axl Rose au chant.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger

Il n’y a pas que Bruce Springsteen qui fait des concerts fleuves en Suisse. Si ceux qui ont eu la chance de voir le Boss il y a trois semaines à Zurich ont été émerveillés par ses trois heures de show, les Guns N’ Roses ont réalisé la même prouesse, mercredi 5 juillet à Berne. Et joué trente titres, soit deux de plus. Mais le nombre ne fait pas tout. Le «groupe le plus génial du monde» – comme l’a annoncé Chrissie Hynde qui a ouvert pour lui avec ses Pretenders –, en tournée en Europe avec trois de ses membres originaux, a-t-il été capable de supporter la comparaison?

C’est à Bernexpo, sur un terrain juste à côté du stade du Wankdorf, qu’une scène ainsi qu’une tribune pour 6000 personnes ont été montées. Capacité: 30 000 personnes et une soirée pas loin d’afficher complet. Les Guns, en 2023, c’est Axl Rose au chant, Slash à la guitare et Duff McKagan à la basse. Moyenne d’âge: 60 ans. Pour les chiffres, on notera encore que le fameux joueur au haut-de-forme a changé huit fois d’instrument, et son complice au micro presque autant fois de T-shirt.

Axl Rose cherche sa voix

Ce n’est pas la seule chose qui a changé: la voix d’Axl Rose est loin d’être la même que dans nos souvenirs. On lui en tiendrait moins rigueur s’il se décidait à choisir comment il veut chanter. Dans un même morceau, il passe d’une voix de fausset à une voix basse. Et quand il tente d’aller haut, son visage n’est pas loin de tourner écarlate (comme sur «Reckless Life»). N’empêche qu’il a la pêche. Il ne tient pas en place, court régulièrement aux deux extrémités de la scène, sourit, s’approche souvent de ses collègues et mentionne plusieurs fois «quelle belle journée» c’est – et il tiendra trois heures comme ça.

Musicalement, par contre, c’est impeccable. Slash est toujours le guitar hero qu’on a vénéré dès les premiers disques des Guns N’ Roses. Et les écrans géants verticaux sont le support parfait pour les gros plans sur son manche qu’il lève haut – on ne peut pas en dire autant des horribles animations en 3D sur celui du fond. La foule s’emballe une première fois sur après une trentaine de minutes sur «Welcome To The Jungle», quand Slash fait son show avec l’un de ses célèbres solos alors que la ligne de basse de Duff se fait répétitive pour mieux le mettre en avant. Précisons qu’un deuxième guitariste, deux claviers et un batteur accompagnent le trio.

Des frissons sur le solo de Slash sur «November Rain»

Après «Live And Let Die» massacré par Axl Rose, on entre dans la moitié du concert, ça ronronne, les files aux toilettes s’allongent et «T.V. Eye» des Stooges chanté par Duff n’arrange rien. Il faut attendre «Civil War» dédié à l’Ukraine pour que le show soit relancé, après deux heures. S’ensuivent un nouveau solo de notre guitariste préféré puis l’incroyable «Sweet Child o’Mine». Les spectateurs de la tribune sont debout. Un piano est amené sur scène pour qu’Axl Rose puisse interpréter «November Rain». La pluie tombe sur les écrans et reflète dans les lunettes de soleil de Slash qui s’est mis en hauteur de podium. La fin du morceau nous donne des frissons, toute la période adolescente, les boums et les premiers émois ressurgissent. Plus tard, «Don’t Cry» fait un petit peu moins d’effet. On n’attend plus que de vibrer sur «Knockin' on Heaven’s Door».

Mauvaise surprise: jusqu’ici toujours jouée en tournée, la reprise de Bob Dylan sortie en 1991 ne viendra pas. Les Américains terminent leur marathon sur un efficace «Paradise City» et Axl Rose déclare: «Merci la Suisse, c’était fun!» Affichant un large sourire, Slash distribue ses plectres et nous gratifie d’une pièce droite. Il est 22 h 10, juste à temps pour prendre le dernier train (!) pour Lausanne avant de revenir dans une semaine sur le même terrain de jeu pour le concert de Muse, le mercredi 12 juillet.

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