FootballCoup de gueule: 3500 spectateurs pour voir la Suisse, c’est la honte!
Il y avait à peine 3500 pékins qui se couraient après dans les tribunes à Bâle pour Suisse – Grèce mercredi soir. Une insulte aux héros de l’Euro.
- par
- Daniel Visentini Bâle
Bien sûr, le Parc Saint-Jacques sera plein comme un œuf pour accueillir l’Italie, dimanche soir. L’ASF, la ville rhénane, tout le monde pourra se taper sur le bide en se félicitant de l’immense succès populaire de ce choc dans le stade autoproclamé «Stade des grands matches de l’équipe de Suisse». Tellement facile…
En observant les tribunes vides du Suisse-Grèce de mercredi soir, c’est plutôt un sentiment de honte qui éclabousse tout. Il n’y avait que 3500 spectateurs, le très généreux chiffre officiel annoncé. À croire, presque, que le huis clos des derniers mois était toujours en vigueur. Oh, bien sûr, c’était un match amical, de modestes Grecs en face, il y avait le Suisse-Italie à venir derrière, dans la même enceinte, pas besoin de venir deux fois au stade donc…
Attendez: on parle bien là du premier match de l’équipe de Suisse après l’Euro héroïque? On évoque bien cette équipe qui est allée jusqu’en quart de finale après avoir éliminé la France? Après avoir convoqué dans la rue, cette nuit de juin, le 28, la plus grande liesse populaire jamais aperçue depuis des dizaines d’années? On parle de cette sélection, reprise en main par un gamin de Bâle, il y a moins d’un mois, Murat Yakin? On est bien à Bâle, la soi-disant capitale de l’équipe nationale, qui revendique comme une évidence que tous les matches importants de la sélection, ceux-là mêmes qui feraient le plein partout, se disputent tous au Parc Saint-Jacques, parce que c’est l’endroit de la ferveur populaire la plus indéfectible? Quelle blague!
On devrait plutôt considérer que l’équipe de Suisse se mérite. Pas en remplissant tous les sièges contre l’Italie, c’est trop simple, mais justement lors des parties moins prestigieuses. Or à Bâle, et ce n’est pas la première fois, tous les rendez-vous moins glamours font systématiquement un flop.
Ces 3500 spectateurs qui se couraient après, affluence misérable, c’est une insulte pour les héros de l’Euro. Mais le public bâlois est conforté dans son choix de bouder les «petits» matches: il sait qu’il aura tous les «gros».
Cela pose la question des choix opérés par l’ASF. D’abord, on peut s’interroger sur la promotion faite autour de cette rencontre amicale face à la Grèce. Au niveau du marketing, poussif, rien n’a vraiment placé le moment sous les meilleurs auspices. Il y avait pourtant matière à le promouvoir vraiment, à lancer des opérations: le premier match après l’Euro, la première de Murat Yakin.
On doit aussi s’interroger sur la pertinence de jouer précisément ce Suisse-Grèce à Bâle. Sauf à considérer que les internationaux suisses sont trop dommages pour faire quelques kilomètres un mercredi soir dans un car de luxe, ce match aurait pu élire domicile ailleurs. Autrement dit dans un plus petit stade, bref on aurait pu sacrifier un peu, un peu seulement, au confort des uns pour le bonheur des autres. Parce que tant qu’à faire, même s’il ne doit y avoir que trop peu de spectateurs, autant que ce soit ailleurs qu’à Bâle, ça fera au moins plaisir à d’autres, tous ceux qui n’ont pas l’assurance d’avoir à domicile tous les grands matches.
Mais peut-être n’y a-t-il là qu’une vérité, froide, cynique: la Suisse n’est pas une terre de foot. Elle s’y entend, par surprise, pour envahir les rues, chanter sa joie un soir d’exploit dans une communion sans précédent, avant que tout ce bruit ne s’étouffe, sans lendemain. Vertige du retour sur terre.