Agressions sexuelles au Canada: «Le père Rivoire a désobéi à notre ordre de se rendre à la justice»

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Agressions sexuelles au Canada«Le père Rivoire a désobéi à notre ordre de se rendre à la justice»

La congrégation du religieux franco-canadien accusé d’avoir abusé sexuellement de jeunes Inuits a entamé son exclusion mercredi, à Lyon.

Vincent Gruber, provincial des Oblats de France, s’est adressé à la presse mercredi.

Vincent Gruber, provincial des Oblats de France, s’est adressé à la presse mercredi. 

AFP

La congrégation des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) a annoncé mercredi à Lyon qu’elle entamait une procédure de «renvoi» d’un de ses membres, le père Johannes Rivoire, 92 ans, accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits au Canada dans les années 1960.

Délégation d’Inuits

«Nous avons entamé une procédure de renvoi canonique (...) car le père Rivoire a désobéi à notre ordre de se présenter à la justice» canadienne, a annoncé à la presse le père Vincent Gruber, provincial des Oblats de France. L’annonce intervient dans le cadre de la visite en France d’une délégation d’Inuits venus pour soutenir une demande d’extradition déposée début août par Ottawa contre le religieux de nationalité franco-canadienne. Le père Gruber avait réservé la primeur de cette annonce à cette délégation qu’il a rencontrée mercredi après-midi.

La délégation d’Inuits mercredi, à Lyon.

La délégation d’Inuits mercredi, à Lyon. 

AFP

La requête des Inuits s’est heurtée au refus du ministère de la Justice qui a rappelé mardi que, conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n’extrade pas ses nationaux». Le père Rivoire, qui vit actuellement dans une maison de retraite de Lyon, a été visé par un premier mandat d’arrêt entre 1998 et 2017 pour des agressions sexuelles contre trois mineurs. Une nouvelle plainte a été déposée en septembre concernant une agression sexuelle survenue il y a environ 47 ans et un nouveau mandat d’arrêt a été émis en août.

«Problèmes de peau»

Mercredi, une double réunion était organisée au siège de la congrégation à Lyon: d’abord avec la direction de l’OMI puis avec le père Rivoire, qui a finalement accepté la rencontre après de longues négociations. A l’issue de la rencontre, la représentante inuite Kilikvak Kabloona a regretté que l’intéressé eût comme auparavant «complètement nié toutes les allégations». «Il refuse de se rendre au Canada, évoquant des problèmes de peau», a-t-elle déploré. Interrogé sur ce point, le père Gruber a refusé de commenter, soulignant qu’il n’était «pas médecin».

Kilikvak Kabloona.

Kilikvak Kabloona.

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La délégation est notamment composée d’une victime présumée et de deux enfants d’une autre victime présumée du religieux. Les Inuits doivent s’exprimer plus en détail lors d’une conférence de presse prévue jeudi matin à Lyon. Jusqu’ici le prêtre, qui a quitté le Canada en 1993 après 33 ans de terrain dans le Grand Nord canadien, n’a jamais été inquiété. Mardi, la Chancellerie a fait savoir que «la France se tient prête à répondre à toute demande d’entraide judiciaire que lui formulerait le Canada ou, le cas échéant, à agir dans le cadre d’une dénonciation des faits qui lui serait formulée, sous réserve néanmoins d’examiner l’éventuelle prescription des faits».

(AFP)

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