Trahisons entre amisLes élections au Conseil fédéral ont semé la zizanie à gauche
Les Verts n’ont pas apprécié que le Parti socialiste ne soutienne pas totalement leur candidat Gerhard Andrey. Tandis que Daniel Jositsch a joué les francs-tireurs pour la droite.
- par
- Eric Felley
L’ambiance n’était pas à la fête hier dans le camp de la gauche à la suite de la série d’élections pour le Conseil fédéral de mercredi. Lors de l’élection d’Ignazio Cassis, contestée par la candidature de Gerhard Andrey pour les Verts, le soutien du Parti socialiste, le partenaire de toujours, n’a pas été au rendez-vous. Le chef de groupe Samuel Bendahan avait précisé peu avant l’élection que son parti jouerait la concordance et que ses membres soutiendraient le Tessinois. Une façon de s’assurer en retour la concordance pour ses deux sièges, dont celui d’Alain Berset à repourvoir.
Certes, certains socialistes ont voté pour Gerhard Andrey, mais pas énormément au vu son résultat final de 59 voix. La cheffe du groupe des Verts, Aline Trede (V/BE) n’a pas apprécié cette défection: «Au PS, a-t-elle déclaré, la solidarité vis-à-vis du pouvoir est plus forte que celle d’avec ses partenaires». Dans un communiqué, les Verts ont dénoncé le «cartel du pouvoir» des quatre partis, qui se sont protégés pour conserver leurs acquis. «Les partis en place se sont une nouvelle fois serré les coudes, a regretté la Bernoise, faisant fi de la volonté populaire de changer la formule magique pourtant éculée». La Neuchâteloise Céline Vara (V/NE) a parlé d’une «trahison», qu’il sera «difficile de réparer sur le long terme».
Pas le moment «opportun»
Du côté des socialistes, la vice-présidente du PS, Valérie Piller-Carrard (PS/FR), a réagi sur la RTS, disant que la majorité UDC-PLR ne leur plaisait pas non plus, mais que le moment n’était pas «opportun» pour en découdre. D’autres socialistes ont fait remarquer que les Verts n’ont pas progressé lors des élections fédérales et qu’ils n’étaient pas dans une bonne dynamique pour gagner. Il y a quatre ans, dans une meilleure posture, ils avaient proposé Regula Rytz (V/BE), qui avait échoué avec 82 voix contre 145 à Ignazio Cassis.
Samuel Bendahan s’est défendu du choix de son parti: «On vote pour des candidats qui ne partagent pas nos valeurs parce qu’on veut travailler, parce qu’on croit encore au système suisse de concordance». Cela dit, la bisbille à gauche ne devrait pas durer trop longtemps. De toute façon, même avec un soutien total des socialistes, Gerhard Andrey n’aurait pas réussi à battre Ignazio Cassis.
De la trahison, il y en avait aussi dans l’air au Parti socialiste avec l’attitude pas très claire du conseiller aux États zurichois Daniel Jositsch (PS/ZH), qui semblait être dans la confidence de la manœuvre de certains élus bourgeois. Jusqu’à 70 voix se sont ainsi portées sur lui, reléguant le candidat officiel du ticket Jon Pult à une troisième place qu’il n’a pas quittée. Il y a bien eu ici un «plan secret» orchestré par des élus majoritairement de l’UDC, mais aussi du PLR et du Centre, pour faire échouer Beat Jans. Au final, il n’a pas été efficace, mais il a suffi pour semer la zizanie chez les socialistes.