JO de TokyoAngelica Moser veut placer la barre plus haut
La championne d’Europe de la perche entre en lice lundi à Tokyo (12h20). La Zurichoise compte sur l’ex-coach de Renaud Lavilennie pour s’envoler vers les sommets.
- par
- Sylvain Bolt Tokyo
Angelica Moser, c’est l’histoire d’un phénomène sur son art perché. À 23 ans, elle a collectionné l’or dans les concours de la relève: Festival olympique européen de la jeunesse (2013), Jeux olympiques de la jeunesse (2014), Européens M20 (2015), Mondiaux M20 (2016) et Européens M23 (2017 et 2019).
Elle a assez facilement franchi la barre dans l’élite en remportant le titre européen en salle en mars dernier à Torun avec son record personnel à la clé (4m75). Jamais aucun perchiste suisse, hommes et femmes confondus, n’avait décroché une médaille lors d’un événement majeur en athlétisme. Un exploit qui s’est par exemple toujours refusé à la retraitée Nicole Büchler, détentrice des records nationaux indoor (4,80 m) et outdoor (4,78 m).
Ce succès coïncide aussi avec le début de la collaboration entre la perchiste et l’entraîneur français Damien Inocencio, l’ex-coach de Renaud Lavilennie, champion olympique à Londres en 2012. «Herbert Czingon, qui m’a accompagnée jusque-là, est parti à la retraite l’été dernier et a contacté Damien. C’est d’abord Nicole (Büchler) qui m’a préparée pour la saison d’hiver et Damien est arrivé début février, précise la Suissesse. Il n’a pas tout révolutionné et collabore aussi avec Nicole qui continue à m’encadrer. Mais son expérience et ses succès passés m’amènent de la confiance.»
Moins de force
«Depuis que je m’entraîne avec Damien, j’ai amélioré beaucoup d’éléments techniques et je parviens à garder davantage de vitesse lors de ma prise d’élan», explique la Zurichoise. Le coach auvergnat, qui l’appelle affectueusement «la gamine», insiste sur un point: la fluidité.
«Angelica est puissante et tente trop souvent de réaliser les mouvements en force. J’essaie de lui faire comprendre que du relâchement au bon moment va permettre de développer plus d’énergie que de la force pure. Et l’effet de balance va aussi être plus marqué.»
La meilleure sauteuse du pays a également franchi une étape dans sa vie personnelle en évoquant publiquement ses troubles alimentaires. «Autour de moi, tout le monde m’a soutenu et j’ai eu de nombreux retours d’athlètes qui m’ont demandé des conseils car ils souffraient des mêmes maux, souligne la Suissesse. La thérapie entamée en mai 2020 m’a beaucoup aidée et désormais la situation est sous contrôle. Je peux me concentrer sur l’entraînement.»
Une finale au Japon
L’étoile montante de la perche, qui a été perturbée par une blessure à la cuisse subie début mai à l’entraînement, est-elle prête à poursuivre son incroyable moisson de titres au Japon?
«C’est trop tôt pour une médaille olympique à Tokyo, coupe-t-elle d’entrée. Peut-être dans trois ans à Paris. Là, l’objectif est surtout d’entrer en finale et pour cela, je devrais franchir une barre autour de mon record personnel (4m66).»
Son nouveau coach ne s’attend pas non plus à (déjà) revivre par procuration une médaille olympique, près de dix ans après avoir célébré le titre de Lavilennie. «Le potentiel d’Angelica Moser est immense, mais il faut des années pour fabriquer une perchiste, souligne le coach à succès. Sa plus grande force est sa faculté à exceller dans les grands événements et cela n’est pas donné à tous les perchistes.»