FranceUne «mobilisation historique» contre la réforme des retraites
Mardi, la France a connu un coup d’arrêt avec les manifestations contre la réforme de l’âge de la retraite, voulue par le gouvernement.
Les syndicats, qui jouent leur va-tout face au gouvernement à quelques jours d’une probable adoption de la réforme des retraites au Sénat, ont salué, mardi, une «mobilisation historique», appelant le gouvernement à ne pas y «rester sourd», même si les taux de grévistes restaient un peu en deçà des records.
Pour cette sixième journée d’action contre la réforme des retraites, les syndicats avaient annoncé vouloir mettre la France «à l’arrêt». La mobilisation dans les rues a été très forte, le secrétaire général de la CFDT, la qualifiant «d’historique au regard des quarante ou cinquante dernières années».
Peu de heurts
La CGT a annoncé 3,5 millions de manifestants dans toute la France, soit 1 million de plus que les 2,5 millions qu’elle avait décompté le 31 janvier, le précédent record dans cette mobilisation contre la réforme des retraites. Le Ministère de l’intérieur de son côté a chiffré à 1,28 million le nombre de manifestants, soit légèrement plus que son décompte du 31 janvier (1,27 million).
Comme lors des précédentes mobilisations, les cortèges ont été globalement calmes en dépit de quelques heurts entre certains manifestants cagoulés et les forces de l’ordre à Paris, à Nantes ou encore à Lyon et à Rennes, où des canons à eau ont été utilisés. À Paris, 22 personnes ont été interpellées.
Le grand écart
Dans la capitale, les chiffrages font le grand écart entre 700’000 selon la CGT et 81’000 pour la préfecture. La réforme poursuit son chemin au Sénat avec, en début de soirée, à son menu l’article qui cristallise l’opposition des syndicats et de la gauche: le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.
Le gouvernement «ne peut pas rester sourd» à cette mobilisation, a insisté le leader de la CFDT, tandis que le leader de la CGT, Philippe Martinez, mettait en garde l’Exécutif contre «un passage en force (qui) ne ferait que mettre le feu aux poudres».
Les taux de grévistes restaient un peu en deçà des meilleurs scores enregistrés depuis le début du mouvement, chez les cheminots (39% contre 46,3% le 19 janvier) comme chez les enseignants et à EDF (47,65% des salariés en grève selon la direction, contre 50% le 19 janvier).
Cortèges très fournis
Partout en France, les cortèges étaient très fournis, mardi, à un niveau comparable à la mobilisation record du 31 janvier. Ils étaient notamment entre 6000 (préfecture) et 30’000 (CGT) à Nice, entre 13’000 et 23’000 à Bayonne, entre 20’500 et 55’000 à Grenoble. À Marseille, la CGT a fait état de 245’000 manifestants (contre 205’000 le 31 janvier), 30’000 selon la préfecture (40’000 le 31 janvier).
Sondage après sondage, les Français restent très majoritairement opposés à la mesure emblématique de la réforme, le report de l’âge légal de départ, même s’ils pensent qu’elle sera mise en œuvre in fine.
Dans l’éducation, des blocages ont eu lieu dans des universités et lycées, et le ministère a fait état de 32,71% d’enseignants grévistes. Le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a recensé 60% des enseignants de collèges et lycées grévistes. Le secrétaire général de la CGT Energie, Sébastien Ménesplier, a prévu une «semaine noire» dans le secteur, avec des baisses de production principalement dans le nucléaire.
Coupures sauvages
Des coupures d’électricité sauvages ont touché dans la matinée jusqu’à 4000 habitants à Boulogne-sur-Mer et ses environs, selon Enedis. Plus de 2000 foyers ont également été privés d’électricité à Annonay (Ardèche), le fief du ministre du Travail Olivier Dussopt, selon la même source.
Les expéditions de carburants étaient bloquées, mardi matin, à la sortie de «toutes les raffineries» de France (TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos), selon le syndicat CGT-Chimie. Et dans le gaz, trois des quatre terminaux méthaniers que compte la France ont été mis à l’arrêt pour «sept jours», lundi, par les syndicats.
La semaine sera émaillée d’autres mobilisations, en parallèle des débats au Sénat où le gouvernement compte sur l’adoption de la réforme d’ici à dimanche. Il envisage «un vote le 16 mars» dans les deux Chambres.