FranceLes demi-aveux de Saïd Bogota, jugé pour tentative d’assassinat
Jugé pour avoir voulu tuer le copain d’une de ses ex, l’acteur Saïd Bogota a finalement reconnu, vendredi, avoir commis des violences et fourni du matériel.
Il a «p’t-être» aspergé d’essence la victime, «p’t-être bien» proféré des menaces de mort: jugé pour avoir enlevé, séquestré et tenté de tuer le compagnon d’une de ses anciennes petites amies, l’acteur Saïd Bogota (notamment «Pattaya») a confessé des violences, vendredi, aux assises à Évry, mais sans volonté de tuer.
«Vous faites un énorme effort – pas pour dédouaner les autres – mais pour reconnaître vos responsabilités», l’a félicité le président de la Cour d’assises au terme d’une matinée de confrontations avec trois de ses complices. À rebours de plusieurs de ses déclarations, durant l’instruction, le comédien de petite taille reconnaît finalement la plupart des violences qui lui sont reprochées contre un rival, dans une affaire de jalousie amoureuse, le 14 décembre 2018.
Sauvé par une voisine
Ce jour-là, un apprenti mécanicien de 17 ans - nouvel amoureux de l’ancienne petite amie de Saïd Bogota -, est enlevé en voiture non loin de son lieu de travail, en Essonne. Il est ensuite retenu dans une cave d’immeuble, où il subit de nombreux sévices, dont des jets d’acide et de gaz lacrymogène en plein visage.
Alors qu’une voisine s’étonne du bruit, il est transporté dans un champ, où ses ravisseurs le battent, lui infligent deux tirs de flash-ball à la tête, lui assènent des coups de crochet de remorque au crâne et, après l’avoir arrosé d’essence, l’enflamment.
Mercredi, la victime s’était présentée comme «miraculée», un qualificatif idoine pour le médecin-légiste Charles Zeboulon: «S’il n’avait pas enlevé ses vêtements, il aurait brûlé.» Il assure qu’avant d’être aspergé d’essence puis incendié, il a entendu Saïd Bogota s’énerver: «Maintenant qu’il a vu ma tête, il faut le terminer.»
Avec douceur, le président de la Cour a cherché à mettre en confiance Saïd Bogota, répétant comprendre que l’exercice des aveux «soit difficile». La tête baissée la plupart du temps, l’acteur français reconnaît avoir apporté le matériel nécessaire aux violences, à savoir le flash-ball, les bouteilles d’essence et d’acide, le crochet de remorque. Saïd Bogota admet également avoir jeté le liquide corrosif et toxique au visage de la victime.
«P’t-être que c’est moi»
Qui est allé chercher l’essence? «P’t-être que c’est moi.» Sur l’intention de brûler l’adolescent? «Franchement, je ne me rappelle plus, tellement ça date», avant d’admettre: «Oui, c’est moi.» Qui a pris le briquet? «P’t-être que c’est moi qui l’ai allumé.» Les menaces de mort dans le champ? «P’t-être bien que je l’ai dit.»
Sur un des tirs de flash-ball, «franchement, je ne m’en rappelle plus», assure Saïd Bogota après une question du président. Réinterrogé par l’avocat général sur le même sujet, l’accusé marque une très longue pause, se racle la gorge, hésite: «Comment dire?» avant de réaffirmer: «Je n’ai pas tiré le flash-ball.»
«Je veux tout prendre sur moi»
Saïd Bogota avait-il l’intention de tuer? La question est au cœur du procès, et si, mercredi, l’accusé a avoué avoir voulu, sous le coup de la colère, tuer le jeune homme, ce vendredi, il est revenu sur ces propos, assurant n’avoir «pas forcément voulu ‘le finir’ dans le champ, mais cherché à avoir des réponses». «J’étais en colère, encore aveuglé par l’amour», tente-t-il de justifier, se trouvant «con ce jour-là».
Des confessions en forme de «coup de théâtre» pour son avocate, qui questionne son client: n’endosse-t-il pas des responsabilités qui ne sont pas les siennes, «par culpabilité»? «La culpabilité, c’est qu’ils (ses coaccusés, ndlr) sont là à cause de moi. Je veux tout prendre sur moi», a conclu l’acteur.