Soudan: Les combats continuent avant des discussions

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SoudanLes combats continuent avant des discussions

Les affrontements font rage samedi à Khartoum alors que l’armée et les paramilitaires en lutte pour le pouvoir au Soudan doivent discuter en Arabie saoudite d’une nouvelle trêve.

Les Soudanais affluent à Wadi Halfa, près de la frontière égyptienne,

Les Soudanais affluent à Wadi Halfa, près de la frontière égyptienne, 

AFP

Comme chaque jour depuis le 15 avril, les habitants de Khartoum se sont réveillés dans le vacarme des bombardements. Des témoins rapportent que l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane mène des raids aériens sur le quartier de Ryad. Ce, quelques heures avant le début à Jeddah (Arabie saoudite) de négociations entre ses représentants et ceux des Forces de soutien rapide (FSR) du général rival Mohamed Hamdane Daglo. Des combats ont lieu ailleurs dans la capitale.

Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont parlé de «discussions prénégociations», exhortant les belligérants à «s’impliquer activement» pour aboutir à un cessez-le-feu. Les deux camps répètent depuis des jours que leurs émissaires discuteront uniquement «des détails de la trêve» plusieurs fois renouvelée mais jamais respectée.

Grands alliés

L’armée a confirmé envoyer ses négociateurs à Jeddah et vouloir discuter d’un cessez-le-feu. Les FSR, elles, n’ont pas commenté. Mais selon des responsables soudanais, elles y seront représentées par des proches du général Daglo et de son très puissant frère Abderrahim, qui passe pour le financier des FSR via ses mines d’or. Côté armée, seront présents des haut gradés connus pour leur hostilité aux FSR.

Les Saoudiens sont de grands alliés et bailleurs de fonds des deux camps au Soudan. Et les États-Unis ont permis le retour du Soudan dans le concert des nations en levant deux décennies de sanctions en 2020. Ces deux pays semblent vouloir prendre le pas sur les initiatives régionales. L’Igad, le bloc d’Afrique de l’Est, tente aussi de faire revenir les généraux à la table des négociations par l’entremise du président sud-soudanais Salva Kiir, médiateur historique au Soudan.

Le spectre de la faim

L’Union africaine, elle, a perdu ses leviers de pression quand elle a suspendu le Soudan après le putsch de Burhane et de Daglo en 2021, disent les experts. Quant à la Ligue arabe, elle doit réunir dimanche les ministres des Affaires étrangères de ses pays membres, profondément divisés sur le Soudan.

Sur le terrain, les combats qui entrent dans leur quatrième semaine ont fait quelque 700 morts, selon l’ONG ACLED qui recense les victimes de conflits. Et d’après l’ONU, ils ont fait aussi 5000 blessés, 335’000 déplacés et 115’000 réfugiés. Vendredi, ils ont également tué 12 civils à el-Obeid, à 300 km au sud de la capitale, où les affrontements ont récemment repris.

Au-delà des victimes directes, cette nouvelle guerre fait progresser la faim, un fléau qui touchait déjà un tiers des 45 millions de Soudanais. Selon l’ONU, entre 2 et 2,5 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition aiguë d’ici six mois si le conflit se poursuit. Face à la «catastrophe» dénoncée par les humanitaires, la communauté internationale peine à agir en rangs organisés.

(AFP)

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