Inondations en LibyeHuit responsables placés en détention
Huit personnes, dont le maire de Derna Abdulmonem al-Ghaithi, ont été placées en détention provisoire après la rupture catastrophique de deux barrages le 10 septembre.
Le Procureur général de Libye a ordonné le placement en détention provisoire de huit responsables libyens dans le cadre d’une enquête sur la rupture des deux barrages ayant entraîné les inondations meurtrières de Derna le 10 septembre. Les huit personnes occupent ou ont occupé des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou celui de la gestion des barrages en Libye.
Elles sont soupçonnées entre autres de «mauvaise gestion» et de «négligence», a précisé le bureau du Procureur dans un communiqué. Le maire de Derna Abdulmonem al-Ghaithi, démis de ses fonctions avec le reste du Conseil municipal après le drame, fait également partie des personnes concernées par le placement en détention.
La tempête Daniel a frappé dans la nuit du 10 au 11 septembre l’est de la Libye notamment Derna, une ville de 100’000 habitants bordant la Méditerranée. Elle a entraîné la rupture de deux barrages en amont et provoqué une crue de l’ampleur d’un tsunami emportant tout sur son passage. Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont fait au moins 3868 morts, alors que des milliers d’autres personnes sont toujours portées disparues.
Des fissures signalées
Le 18 septembre, des centaines d’habitants de Derna avaient manifesté pour réclamer des comptes aux autorités de l’est du pays, responsables selon eux de la catastrophe. Le Procureur général libyen al-Seddik al-Sour avait annoncé le 15 septembre avoir ouvert une enquête sur les circonstances du drame. Selon lui, la direction des barrages en Libye avait signalé des fissures sur les deux ouvrages dès 1998 mais aucun travail n’a été accompli pour y remédier.
L’enquête s’est notamment intéressée à un contrat conclu entre le département libyen des Eaux et une compagnie turque pour l’entretien des deux barrages et le versement en 2014 à cette dernière de «sommes disproportionnées» et ce «bien qu’elle ait violé les engagements stipulés dans le contrat», selon le communiqué du Procureur.
Dans une étude en novembre 2022, l’ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour avait mis en garde contre une «catastrophe» menaçant Derna si les autorités ne procèdent pas à l’entretien des deux barrages. Mais cet avertissement est resté sans effet bien que la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique, ne manque pas de moyens.