Etats-Unis – Un budget temporaire adopté in extremis par le Congrès

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États-UnisUn budget temporaire adopté in extremis par le Congrès

C’est le soulagement aux États-Unis. Le Congrès américain a finalement adopté ce jeudi un budget temporaire, évitant une paralysie de l’État fédéral.

L’orage gronde à Washington, mais le ciel s’éclaircit momentanément: le Congrès a finalement adopté in extremis un budget temporaire.

L’orage gronde à Washington, mais le ciel s’éclaircit momentanément: le Congrès a finalement adopté in extremis un budget temporaire.

AFP

Les sénateurs américains ont approuvé jeudi un budget temporaire qui a ensuite été adopté par la Chambre basse, évitant ainsi la paralysie des services de l’État fédéral.

Rare moment d’union

Le texte, qui prévoit une prolongation du budget jusqu’au 3 décembre, a été approuvé avec le soutien de républicains en plus des démocrates. Plusieurs autres fronts menacent toujours la présidence de Joe Biden, qui tente de rassembler les troupes démocrates, embourbées dans une guerre fratricide autour de ses vastes projets d’investissements et de réformes.

Par une majorité confortable, les sénateurs américains ont approuvé jeudi une loi de finance qui prolonge le budget actuel jusqu’au 3 décembre. Elle a ensuite été adoptée par la Chambre basse, par 254 voix contre 175. Elle devra encore être promulguée avant minuit par le président démocrate. Sans cette loi, tous les financements des services fédéraux auraient soudainement été coupés vendredi et des centaines de milliers d’employés se retrouveront au chômage technique.

Atmosphère tendue

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, s’est réjoui de ce rare moment d’union à un moment où il y a «tellement de choses à régler ici».

Dès que la menace de cette paralysie budgétaire, nommée «shutdown», sera écartée, les parlementaires devront s’atteler à une terrible menace financière: le risque que les États-Unis ne puissent plus honorer leur paiement à partir du 18 octobre si le plafond de la dette n’est pas suspendu d’ici là. Un défaut de la première puissance mondiale, inédit, provoquerait un cataclysme financier mondial. Bien conscients du danger, républicains et démocrates ne parviennent pas pour autant à se mettre d’accord sur la façon de l’éviter.

Loin d’être au bout du tunnel

Dans un Congrès profondément divisé, le sujet est devenu hautement politique, car l’opposition a lié la dette à un plan historique de Joe Biden, qui prévoie 3500 milliards de dollars pour réformer en profondeur le tissu social des États-Unis et investir massivement dans la lutte contre le changement climatique.

Une folie exorbitante, dénoncent les républicains, qui refusent donc absolument de participer de près ou de loin à toute mesure visant à relever le plafond de la dette. Or ils disposent d’une minorité de blocage au Sénat.

Ils exhortent les démocrates à employer une manœuvre parlementaire qui leur permettrait de l’approuver avec leur seule courte majorité.

Bien trop «risqué», jugent les chefs démocrates, car elle requiert trop de temps alors que les parlementaires ont moins de trois semaines pour éviter un défaut souverain. Ils martèlent que seule une infime partie de cette dette a été accumulée sous le mandat de Joe Biden et appellent donc les républicains à coopérer. Aucune issue n’apparaît évidente.

Doutes sur les infrastructures

Applaudissements et même distribution de glaces: face à l’urgence, Joe Biden est descendu dans l’arène mercredi soir pour se frotter aux parlementaires républicains et démocrates lors d’un match de baseball de gala.

Cet ex-sénateur multiplie cette semaine les réunions pour tenter de rassembler ses troupes autour de ses deux plans colossaux d’investissements, menacés par une lutte fratricide entre l’aile gauche et les centristes.

D’un côté, le projet historique d’investir 1200 milliards de dollars dans les infrastructures américaines, soutenu aussi par des républicains. De l’autre, le volet titanesque sur les réformes sociales voulu par les seuls démocrates.

Le Sénat avait approuvé dès août le plan d’infrastructures, qui devait être soumis à un vote final à la Chambre ce jeudi. Mais des dizaines d’élus de l’aile gauche démocrate menacent de faire échouer ce vote, furieux de ne pas avoir reçu plus de garanties que le vaste plan de réformes sociales sera aussi adopté.

Un camp démocrate fragile

Ils se méfient de deux sénateurs centristes, Joe Manchin et Kyrsten Sinema, qui affirment que son montant est trop élevé. Les majorités démocrates sont si étroites que toute défection pourrait tuer ce plan.

La présidente de la Chambre Nancy Pelosi affirmait jeudi matin encore que le vote aurait lieu. Mais, compte tenu de la fronde, elle pourrait bien finir par le déprogrammer.

«Il ne s’agit pas d’un cataclysme majeur s’il n’y a pas de vote aujourd’hui.»

Jennifer Granholm, ministre de l’Énergie

L’adoption de ces plans au cœur du programme du président démocrate serait alors remise à plus tard. Et l’administration Biden tente déjà de préparer l’opinion publique à cette éventualité.

«Il ne s’agit pas d’un cataclysme majeur s’il n’y a pas de vote aujourd’hui», a déclaré sur CNN la ministre de l’Énergie, Jennifer Granholm. Mais là aussi le temps presse: les démocrates risquent de perdre leurs majorités lors des élections parlementaires de novembre 2022.

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