Football: A quoi ça ressemble, 26’000 Grenat au Stade de Genève?

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FootballÀ quoi ça ressemble, 26’000 Grenat au Stade de Genève?

Repères brouillés par le bruit, communion quasi générale, «Saucissegate» a priori évité: la non-qualification de Servette n’a rien changé à la soirée unique vécue mardi.

Florian Vaney Genève
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Florian Vaney Genève
À quelques secondes du coup d’envoi mardi, vue générale sur un Stade de Genève à guichets fermés.

À quelques secondes du coup d’envoi mardi, vue générale sur un Stade de Genève à guichets fermés.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

7e minute. Joël Mall, le gardien servettien, arme une relance en direction d’un Nicolas Vouilloz encore en train de se replacer. Le ballon s’approche du latéral, mais celui-ci semble ne pas le sentir arriver dans son dos. Va-t-il le laisser filer et concéder une touche un brin absurde? Non, il réagit à temps. Et peut même amorcer la première grosse occasion du match.

La surprise du numéro 33 grenat à ce moment illustre bien ce qu’il se tramait autour de lui, l’atmosphère des grands soirs dans laquelle baignaient les acteurs du match. En temps normal, Nicolas Vouilloz aurait entendu le ballon arriver. Ou, à défaut, son gardien le prévenir. Mais mardi, le Stade de Genève s’était métamorphosé en un chaudron particulièrement bruyant. Dans lequel les repères s’en trouvaient brouillés. Si Dereck Kutesa a oublié Jérémy Guillemenot pour le 2-0, l’une des raisons est peut-être aussi à aller chercher par là.

Michael Beale semblait avoir encore un peu de chaleur à évacuer au moment de convenir que «c’était bouillant. Quelle atmosphère. Je suis fier que mes joueurs se soient sortis de là». Le coach des Glasgow Rangers a ressenti la même chose que les 26’000 personnes qui l’entouraient. Premier constat: un Stade de Genève rempli et acquis à la cause du Servette FC, ce qui n’était jamais arrivé depuis le match inaugural il y a vingt ans, c’est un sacré challenge à surmonter pour les visiteurs.

La bâche de la discorde

Difficile d’estimer avec précision le moment à partir duquel l’ambiance s’est vraiment emballée mardi. Peut-être lors de la présentation des équipes. Peut-être lorsque le nom du chouchou Miroslav Stevanovic, pourtant sur le banc au coup d’envoi, a été articulé par le speaker. Ou alors était-ce plus tard. À l’apparition des joueurs, rendue grandiose par un monumental tifo embarquant les 90% de l’enceinte dans le mouvement. Au premier concert de sifflets, qui a accompagné la première incursion écossaise en territoire grenat. À cette percée d’Enzo Crivelli, pourtant esseulé et à 70 mètres du but adverse, mais portée par un massif brouhaha d’espoir.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Peu importe au fond. L’union générale semblait lier les supporters servettiens. La Section Grenat lançait les chants et mouvements, l’onde se propageait le long des tribunes. Comme une grande communion, tout juste tachée d’une bâche tombée comme un cheveu dans la soupe. «L’Europe attire les touristes!» Ou l’éternelle rengaine entre «vrais» supporters et «opportunistes». C’est pourtant leur cohabitation qui a permis à Servette d’écrire une page d’histoire. Et c’est encore elle qui pourrait valoir à la ville, au club et à ses suiveurs plus ou moins proches une campagne d’Europa League enthousiasmante cet automne.

Lorsque Servette a obtenu son premier corner, à la 17e, c’est un tout stade qui s’est levé. Sans trop se poser la question de son degré d’opportunisme. Et lorsque Dereck Kutesa a nettoyé la lucarne de Jack Butland, il ne restait plus qu’un gigantesque amas d’euphorie. Ce qui suivrait aurait beaucoup moins d’importance. Après deux décennies à jongler avec certaines des pires galères, les Grenat avaient eu droit au bonheur.

En coulisses aussi, on a haussé le niveau

En ressassant ces quelques scènes qui auraient pu offrir la qualification en play-off de la Ligue des champions au SFC, il restera dans leur gorge un soupçon de regrets. Pas beaucoup plus. Et, finalement, bien peu de raisons de se plaindre. Une ou deux réactions sur les réseaux sociaux publiées avant la rencontre ont fait craindre de nouveaux sérieux manquements organisationnels. De ceux qui ont offert au Stade de Genève une assez mauvaise réputation d’hôte. «Plus de bières à la buvette spéciale boissons, à 45 minutes du coup d’envoi», s’étonnait un supporter sur Twitter.

La plupart des retours qui suivaient allaient bien davantage dans la direction d’une soirée réussie à tout point de vue. Peu d’attente devant les portes, des buvettes largement plus rapides pour servir qu’à l’accoutumée, aucune allusion au «Saucissegate» qui avait fait de la nourriture vendue à la Praille la risée du web il y a deux semaines. En coulisses aussi, le défi était relevé. Le 15 août 2023 fera date.

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