ÉtudeOui, l’heure d’été permet d’économiser de l’énergie
Des chercheurs ont pris pour la 1ère fois en compte non seulement les économies au niveau de la lumière mais aussi celles au niveau du chauffage. Les résultats remettent les pendules à l’heure.
- par
- Christine Talos
Dans la nuit du 25 au 26 mars, la Suisse passera à l’heure d’été. Et chaque année, c’est le même débat: est-ce qu’elle permet vraiment de faire des économies d’électricité? Les chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) ont voulu en avoir le cœur net et ont lancé une étude complète sur la question. Verdict: oui, on économise bel et bien de l’énergie en avançant les montres d’une heure, malgré la controverse.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs du laboratoire «Urban Energy Systems» de l’Empa ont étudié des immeubles de bureaux dans 15 villes aux USA. Ils ont pris en compte non seulement l’influence de l’heure d’été sur la consommation d’électricité au niveau de l’éclairage, mais aussi sur la consommation d’énergie de tout un bâtiment via l’énergie dépensée pour son chauffage et son refroidissement. En outre, ils ont intégré dans leurs paramètres le climat actuel et les scénarios climatiques futurs jusqu’en 2050.
3% d’économies d’énergie
Leurs résultats remettent les pendules à l’heure. Ils montrent que le passage à l’heure d’été peut réduire jusqu’à près de 6% l’énergie de refroidissement d’un immeuble de bureaux. Alors que les besoins en chauffage augmentent eux jusqu’à 4,4%, notamment le matin. «Mais comme on consomme beaucoup plus d’énergie de refroidissement que de chauffage en été, le changement d’heure a globalement une influence positive sur le bilan énergétique d’un bâtiment», résume l’un des chercheurs, Massimo Fiorentini.
Le scientifique précise que les économies varient selon les scénarios et les zones climatiques. Mais globalement, il est possible d’économiser jusqu’à 3% d’énergie. «Notre étude montre que le changement d’heure peut contribuer à la protection du climat. Les décideurs politiques devraient donc tenir compte, dans le débat sur l’abolition de l’heure d’été, non seulement des économies d’électricité réalisées sur l’éclairage artificiel, mais aussi de l’influence sur le bilan énergétique des immeubles de bureaux dans leur ensemble», conclut un autre chercheur Sven Eggimann.
Pour rappel, l’UE a décidé en 2021 d’en finir avec l’heure d’été, mais la crise sanitaire a repoussé la mesure, qui reste aujourd’hui suspendue.
Une mesure controversée en raison des ampoules et des Leds
L’heure d’été a été instaurée en Europe et en Suisse dans le début des années 80. But: réaliser des économies d’énergie puisque lorsqu’il fait jour une heure de plus le soir, on a moins besoin de lumière artificielle. Mais le bien-fondé de la mesure est régulièrement remis en question, vu son impact négatif sur la santé et le sommeil. L’automne dernier, en France, l’ADEME, l’Agence de transition écologique, estimait que le changement d’heure permettait d’économiser 351 GWh d’électricité. Soit 0,07% seulement de la consommation d’électricité totale de la France. L’économie est en outre toujours plus infime en raison de la généralisation des ampoules basse consommation et des leds. Mais les chercheurs n’avaient pris en compte que les économies de lumière.