CommentaireVaccin obligatoire: les Autrichiens persévèrent à contre-courant
Alors que la plupart des pays européens, dont la Suisse, aspirent à s’affranchir des contraintes de la pandémie, les autorités autrichiennes poursuivent une ligne dure. Difficile à comprendre.
- par
- Eric Felley
En pleine cinquième vague, l’Autriche a été le premier pays européen à vouloir passer à une vaccination obligatoire (avec l’Italie pour les plus de 50 ans dès le 15 février et la Grèce pour les plus de 60 ans). Vu de Suisse, après deux campagnes très clivantes autour de la loi Covid-19 et le dépôt d’une initiative contre toute vaccination obligatoire, cette mesure drastique prise chez nos voisins demeure largement incompréhensible, au moment où beaucoup rêvent de lever toutes les mesures.
Dès aujourd’hui en Autriche, environ un million et demi de personnes sont potentiellement amendables. Certes, une période transitoire jusqu’à mi-mars permet aux non vaccinés de se mettre en ordre. Puis, en cas d’infraction, si la personne se fait vacciner dans les deux semaines, la contravention saute. Et après? Celles et ceux qui ne le font pas paient 600 euros d’amende. C’est très dissuasif et peu social… Les amendes sont toutefois limitées à quatre par année. Il est utile de le préciser au cas où cette loi devait durer des années…
Et si les Autrichiens avaient raison?
Pourquoi les Autrichiens continuent-ils dans cette voie, alors que tout autour les peuples aspirent à s’affranchir des contraintes liées à la pandémie? On peut se faire l’avocat du diable et se dire que ce sont eux qui ont raison à long terme. Au prochain retour de vague, cet été ou cet automne, le pays aura une longueur d’avance. Possible, mais il faudrait que le vaccin actuellement utilisé soit aussi efficace contre les potentiels nouveaux variants. Il faudra voir aussi la hauteur du socle des résistants à toute vaccination. Il se dit qu’une «société parallèle» se crée en Autriche. Certains préféreront vivre cachés en attendant un changement de gouvernement à Vienne et l’abandon de cette loi.
Encore de longs débats en Suisse
Les Autrichiens ne connaissent pas le droit d’initiative ou de référendum. L’initiative déposée en Suisse – intitulée «pour la liberté et l’intégrité physique» - précise que nul ne peut se faire injecter quelque chose contre son gré, «que ce soit un vaccin, une puce ou toute forme d’information numérique». Elle interdit aussi toute forme d’amende ou de discrimination dans la vie sociale et professionnelle. Comme le Parlement va réviser la loi sur les épidémies après ces deux années de Covid-19, le débat ne fait que commencer en Suisse. Qu’importe ce qu’il adviendra en Autriche, il y a très peu de probabilités que la Suisse suive le même chemin.