ZoologieDécouverte des folles techniques du vol du colibri
Des chercheurs ont constaté que le minuscule oiseau a deux stratégies différentes pour franchir des obstacles, même plus petits que leur envergure.


Le vol du colibri est une merveille de la nature.
Getty Images/iStockphotoLe colibri a une façon unique de voler. Il bat extrêmement rapidement des ailes, jusqu’à 100 fois par seconde. Et il est également capable de battre des ailes de bas en haut et pas seulement de haut en bas comme les autres oiseaux. Cela lui permet de voler… en arrière. Et avec une légère rotation des ailes, il peut aussi faire du vol stationnaire.
Mais quelque chose intriguait encore les scientifiques: comment fait-il pour éviter feuillages denses et obstacles sur sa route, lui qui peut voler jusqu’à 97 km/h. Certes, il a un cerveau volumineux par rapport à sa taille, qui lui permet d’anticiper distance et hauteur des objets pour les éviter. Mais comment peut-il passer à travers d’espaces plus petits que lui?
Vol entre deux fleurs
La vitesse de déplacement de cet oiseau empêchait de le filmer passant par hasard dans l’un de ces orifices. Mais une équipe de l’Université de Berkeley en Californie a eu une idée. Deux fausses fleurs ont été créées. Quand un colibri allait se gorger du nectar placé dans l’une d’elles, l’autre se remplissait, et ainsi de suite. Ce qui fait que l’oiseau se déplaçait de l’une à l’autre.
Ne restait plus qu’à placer un obstacle entre les deux, comme le raconte le «Guardian». Sept panneaux ont été disposés successivement au milieu de l’espace, avec une ouverture circulaire ou ovale variant de l’envergure de l’oiseau (12 cm) à la moitié de celle-ci (6 cm).
Quatre colibris ont été utilisés pour l’expérience et chacun a fait 10 allers et 10 retours à travers chacun des sept panneaux, donc 140 trajets filmés. Et les scientifiques ont été stupéfaits de voir que les oiseaux n’avaient pas une, mais deux stratégies pour se glisser à travers l’obstacle, comme le révèle l’étude parue dans le «Journal of Experimental Biology».

A et B montrent le passage latéral, C et D le passage avec la technique balle de fusil.
Marc BadgerLa première consiste à approcher plus lentement de l’orifice, de tourner son corps et sa tête pour passer latéralement à travers le trou tout en continuant à battre des ailes, l’une étant inclinée vers l’avant, l’autre vers l’arrière. On voit le mouvement général sur la photo A et le passage du trou sur la photo B.
L’autre tactique consiste à replier ses ailes contre son corps (ce que le colibri ne peut faire que très brièvement) et, ayant alors la forme d’une balle de fusil, passer par l’orifice. Cela implique d’arriver très vite vers le trou et de le traverser très rapidement. On voit l’ensemble de cette technique sur la photo C et le passage sur la D.
Le vol latéral est plus prudent
Les oiseaux utilisaient les deux techniques sur la plupart des ouvertures, sauf la plus petite, qui a presque toujours été franchie avec la méthode de la balle. Mais les scientifiques ont également observé que les colibris utilisaient plutôt d’abord la stratégie latérale avant de passer de plus en plus à celle de la balle. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le vol latéral met moins l’oiseau en danger quand il ne sait pas si ce franchissement est sûr. Une fois qu’il a compris qu’il ne risque rien, il traverse plus vite avec la technique de la balle.