Guerre en UkraineSanctions en Suisse: «Dorénavant, il faudra les appliquer!»
Hormis le groupe UDC, les parlementaires sont unanimes à saluer la décision de lundi du Conseil fédéral d’appliquer les sanctions européennes.
- par
- Eric Felley
Membre de la Commission de politique de sécurité du Conseil national, Pierre-Alain Fridez (PS/JU) était très sollicité en cette première journée de la session de printemps marquée par la guerre en Ukraine. En début de séance, l’annonce du Conseil fédéral de reprendre les sanctions européennes lui a fait lâcher un «Enfin!» Pour lui: «Nous devons au minimum prendre les mêmes dispositions que les pays qui nous entourent et nous protègent. Ce serait indigne de commercer et de faire des bénéfices dans ces circonstances. Les gesticulations indignes de Poutine ont créé les bases d’une Europe de la défense et nous sommes aujourd’hui protégés par la plus grande organisation qu’est l’OTAN».
Des contrôles
Pour son collègue et compatriote Charles Juillard (PDC/JU), quelques jours ont été perdus depuis la semaine passée: «Il y a eu un petit problème de temporalité, regrette-t-il, mais l’essentiel est que ce soit fait. Dorénavant il faut appliquer ces sanctions, c’est le challenge. Qui dit sanctions, dit contrôles. Ceux-ci doivent être effectués de manière crédible par la BNS, le SECO et la FINMA. Cependant, je ne vois pas les banques suisses ne pas respecter la volonté du Conseil fédéral. Ça pourrait leur coûter cher».
Le secteur des matières premières
Comme d’autres, Sophie Michaud-Gigon (Vert.e.s/VD) aurait aimé que «cette décision arrive un peu plus tôt. L’UDC dit que les bons offices ne peuvent aller de pair avec des sanctions, mais la Suisse peut très bien suivre les deux voies». Elle constate également un challenge dans l’application, pas pour les banques, mais pour le secteur des matières premières: «Il faudrait une autorité de surveillance spécifique dans ce domaine sur le modèle de la FINMA, nous l’avons souvent demandé en vain. La Suisse est devenue la plaque tournante de tellement d’entreprises, souvent discrètes…»
«Nous sommes également en danger»
Pour François Pointet (VL/VD): «Ces sanctions sont le seul moyen de montrer à la Russie que son attaque est une violation crasse du droit international. Nous sommes tout à fait capables de les appliquer. Il faut se rendre compte que nous sommes également en danger en Suisse du point de vue sécuritaire. Nous avons besoin des autres». Pour Isabelle Moret (PLR/VD) «Je soutiens tout à fait la décision du Conseil fédéral. Je défends une neutralité active, où l’on propose nos services pour résoudre des conflits, mais nous sommes aussi dépositaires des Conventions de Genève, que nous devons faire respecter».
Pas d’alignement sur l’UE pour l’UDC
Seuls les parlementaires UDC contestent la reprise des sanctions européennes. Jean-Pierre Grin (UDC/VD) aurait voulu signer la déclaration de cessez-le-feu du Conseil national: «Mais je me suis simplement abstenu, j’aurais pu voter pour. Mais ce qui me dérange dans cette déclaration, c’est qu’il est écrit noir sur blanc que la Suisse reprend les sanctions européennes. Pour moi, la Suisse doit rester libre de prendre les sanctions qu’elle veut, c’est un principe, même si au final elle reprenait celles de l’UE».