Norvège: Le fonds souverain est pessimiste sur l’inflation

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NorvègeLe fonds souverain pessimiste sur l’inflation, optimiste sur l’IA

Le responsable du colossal fonds souverain de la Norvège a dressé un bilan mi-figue mi-raisin de l’économie mondiale, ce mercredi.

Le fonds souverain dirigé par Nicolai Tangen a fait du climat un de ses chevaux de bataille.

Le fonds souverain dirigé par Nicolai Tangen a fait du climat un de ses chevaux de bataille.

AFP

D’un côté, des dérèglements climatiques qui contrarient la lutte contre l’inflation, de l’autre, une intelligence artificielle qui permettra de se concentrer sur les tâches «les plus marrantes»: le responsable du colossal fonds souverain de la Norvège dresse un bilan mi-figue mi-raisin des bouleversements en cours de l’économie mondiale.

Aux rênes du plus gros fonds souverain au monde avec 1332 milliards d’euros (quelque 1279 milliards de francs) d’actifs fin juin, Nicolai Tangen s’est, comme à l’accoutumée, prêté au jeu des questions-réponses mercredi en présentant les résultats financiers semestriels à Arendal (sud) où de nombreux décideurs norvégiens sont réunis cette semaine. À cette occasion, il a souligné l’effet néfaste du changement climatique sur les efforts pour contenir les poussées inflationnistes à travers le monde.

Malgré de multiples hausses de leur taux d’intérêt depuis la fin de la pandémie de Covid, les banques centrales peinent actuellement à freiner l’envolée des prix à la consommation, de Washington à Francfort.  «Ce que l’on pense de l’inflation mondiale, c’est qu’il peut être assez difficile de la faire baisser», a relevé Nicolai Tangen.

Changement climatique

Ancien patron fortuné d’un fonds spéculatif, le responsable a en premier lieu évoqué les tendances commerciales internationales où le «nearshoring» – le rapprochement de la production des biens des marchés où ils sont consommés – prend le pas sur la mondialisation avec, pour effet, un renchérissement des coûts de fabrication.

«Mais la nouveauté», a-t-il ajouté, «ce sont les effets climatiques, c’est-à-dire le lien entre le climat et l’inflation». «On voit (…) cela dans les prix de l’alimentaire: le renchérissement de l’huile d’olive, des pommes de terre, du bœuf et de toutes ces choses nourrit l’inflation mais, ce qu’il y a de nouveau, c’est que ça affecte aussi la productivité», a-t-il dit.

Nicolai Tangen a notamment évoqué un été «si chaud en Europe cette année que l’on ne peut pas travailler en milieu de journée» ou encore des intempéries toujours plus intenses qui dissuadent le tourisme. «On ferme des pans de la société pendant certaines périodes à cause du climat», a-t-il souligné. Juillet 2023 – marqué par des canicules et des incendies à travers le monde – a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, selon le service européen Copernicus.

Rebond des valeurs technologiques

Paradoxalement lui-même alimenté par les revenus pétrogaziers de l’État norvégien, le fonds souverain dirigé par Nicolai Tangen a fait du climat un de ses chevaux de bataille et impose des exigences en la matière dans les entreprises dans lesquelles il investit.

Placé pour l’essentiel en actions mais aussi en obligations et dans l’immobilier à travers le monde, le fonds a gagné 1501 milliards de couronnes (131 milliards d’euros) au premier semestre, dopé par les marchés boursiers. Avec des parts dans plus de 9000 entreprises, il contrôle environ 1,5% de la capitalisation boursière mondiale.

Depuis le début de l’année, il a bénéficié du rebond des valeurs technologiques soutenues par l’engouement des investisseurs pour l’intelligence artificielle. À lui seul, le secteur a contribué aux résultats à hauteur de 788 milliards de couronnes grâce à Apple (135 milliards), Microsoft (114 milliards) et Nvidia (84 milliards).

Travailler trois jours?

L’intelligence artificielle «va tout changer», a estimé Nicolai Tangen. «On va devenir beaucoup plus efficaces, on échappera à plein de tâches ennuyeuses et on pourra se concentrer sur les plus marrantes». «Et peut-être que l’on n’aura pas besoin de travailler autant? Pourquoi travailler cinq jours (par semaine)? (…) Peut-être qu’on pourra travailler trois jours?» a-t-il lancé, en vantant les mérites d’aller cueillir des baies en montagne un vendredi.

Le fonds norvégien a publié le même jour un document enjoignant les entreprises à saisir les opportunités apportées par l’intelligence artificielle tout en faisant preuve d’un esprit de responsabilité.

(AFP)

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