Football - Les questions tactiques auxquelles Murat Yakin devra répondre

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FootballLes questions tactiques auxquelles Murat Yakin devra répondre

Quels seront les changements apportés par le nouveau sélectionneur, dès mercredi contre la Grèce? La Suisse de Vladimir Petkovic avait une identité forte.

Valentin Schnorhk Bâle
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Valentin Schnorhk Bâle
Murat Yakin a différents axes sur lesquels plancher pour dessiner «son» équipe de Suisse.

Murat Yakin a différents axes sur lesquels plancher pour dessiner «son» équipe de Suisse.

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C’était un vendredi 3 juillet. C’était à Saint-Pétersbourg. C’était il y a soixante jours. En deux mois, la face du monde peut changer. Alors l’équipe de Suisse aussi. Sur son banc, ce mercredi contre la Grèce (20h45), elle n’aura de toute façon plus le même visage. À Vladimir Petkovic a donc succédé Murat Yakin. Sur le terrain, cela peut aussi être altéré.

C’est en repensant au passé qu’on prendra la mesure du présent, dès ce jour. Il faut s’attendre à des changements, assurément. Ne serait-ce que parce que Xherdan Shaqiri et Breel Embolo ne seront pas là, renvoyés dans leurs clubs respectifs pour retrouver la forme qu’ils n’ont pas encore. Cela ne change pas fondamentalement l’équipe et le projet, mais ce sont des options en moins pour Murat Yakin. Et peut-être une justification nécessaire pour accélérer la transition et assumer d’emblée ce que sera son équipe de Suisse. L’occasion de se rappeler celle de Petkovic pour considérer les axes de transformation.

Quel système de jeu?

Murat Yakin n’a pas fait de mystère dès la révélation de sa première sélection vendredi dernier: il veut jouer à quatre défenseurs. C’est une annonce qui tranche avec le 3-4-3 ou 3-5-2 auxquels Vladimir Petkovic avait habitué. Mais cela ne dit pas tout de l’approche tactique. «Les joueurs sont assez intelligents pour être flexibles», a souligné Yakin en conférence de presse mardi.

C’est le credo de Yakin: cette équipe de Suisse sait faire d’autres choses. À plusieurs reprises, il a déjà rappelé que l’équipe nationale s’était alignée dans une défense à quatre à l’Euro, contre la Turquie et l’Espagne. Précisant tout de même que, dans ces matches, «l’équipe jouait avec trois défenseurs en phase offensive».

Murat Yakin n’est pas obtus. À Schaffhouse, par exemple, le choix du système a constamment varié. «L’objectif est d’éliminer les forces de chaque adversaire», relevait-il mardi. «Muri» s’est construit dans l’adaptation. C’est ainsi qu’il a réalisé ses plus grands exploits et c’est assurément ainsi qu’il compte procéder avec l’équipe de Suisse. Quitte à changer de système à chaque rencontre.

Même s’il entend affronter la Grèce, l’Italie et l’Irlande du Nord à chaque fois avec quatre défenseurs. C’est du moins ce qu’il a fait comprendre. Mais cela ne dit pas tout des autres choix. Il convient aussi de s’interroger sur les associations au milieu, sur le nombre d’attaquants alignés, etc. La feuille de match de mercredi pourra donner une idée, mais elle ne dira pas tout des animations.

Quelle hauteur pour le bloc défensif?

Il y a eu plusieurs Vladimir Petkovic à la tête de l’équipe de Suisse, même dans sa dernière année de fonction. Il faut se souvenir du pressing très haut et intense en Ligue des nations contre l’Ukraine, l’Allemagne ou même l’Espagne. Mais arrivé à l’Euro, celui qui est désormais en poste à Bordeaux avait fait preuve de plus de prudence. Le bloc suisse n’était jamais très bas, mais il n’était jamais très haut non plus. Un bloc médian, en somme.

Quelle approche privilégiera Murat Yakin? Il y a des indications. Son Schaffhouse, de loin pas l’équipe de Challenge League la mieux dotée en joueurs l’an dernier, était l’une des formations les plus agressives sans ballon. Les statistiques avancées en matière de pressing et d’intensité la classaient très haut en comparaison globale. Cela dit quelque chose des intentions. Le sélectionneur les a répétées mardi: «Il est aussi possible de défendre de manière offensive. Cela signifie que pour moi, nous devons être actifs et pas passifs lorsque nous n’avons pas le ballon.» Voilà pour le discours. Aux faits de le corroborer.

Quelle approche avec ballon?

C’est sans doute là que l’héritage laissé par Petkovic est le plus important. Qu’importe l’adversaire, l’équipe de Suisse a toujours cherché à construire depuis l’arrière et à imposer ses réflexions. Une forme d’insistance qui a parfois coûté cher (la passe de Sommer dans les pieds d’un attaquant en Espagne en Ligue des nations en octobre 2020), mais a surtout permis à l’équipe nationale d’avancer avec toujours plus de certitudes. Et qui avait complètement déboussolé la France en 8e de finale de l’Euro.

Concrètement, la Suisse de Petkovic voulait le ballon. Elle cherchait à repartir court avec Yann Sommer pour maîtriser ses actions. Manuel Akanji en était le premier relais, Granit Xhaka le second. En prenant certains risques à la relance, l’équipe nationale parvenait à créer de la verticalité pour attaquer de front les défenses et le but adverses. C’était l’identité de l’équipe de Suisse d’avant, qui penchait volontairement sur le côté gauche.

Quelle sera l’identité de la «nouvelle» équipe de Suisse? Que va changer Murat Yakin? Sur quelles phases de jeu peut-il mettre sa patte, sans prendre le risque de tout détruire? Pour faire respecter ses idées, il lui faudra écourter au minimum l’ère de la comparaison. Telle est l’ampleur de la tâche.

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