JaponL’expertise psy du meurtrier de Shinzo Abe a été prolongée
Selon des médias nippons, les médecins n’ont pas encore pu déterminer si l’homme qui a abattu l’ex-Premier ministre japonais, en juillet dernier à Nara, est pénalement responsable.
L’expertise psychiatrique de l’auteur présumé de l’assassinat de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe en juillet dernier a été prolongée jusqu’au 6 février, ont annoncé jeudi plusieurs médias locaux dont les agences de presse Jiji et Kyodo. Cet examen devait initialement durer jusqu’à fin novembre. Il doit permettre aux procureurs de déterminer si Tetsuya Yamagami est pénalement responsable ou pas, et donc s’il peut être jugé pour les faits qui lui sont reprochés.
Les interrogatoires du suspect dans le cadre de l’enquête judiciaire sont suspendus durant toute la période de cette expertise psychiatrique. Sollicité, le bureau des procureurs de Nara (ouest du Japon), en charge de l’enquête sur cette affaire, n’était pas en mesure de confirmer ces informations de presse dans l’immédiat.
Famille du suspect ruinée
Shinzo Abe a été tué par balles le 8 juillet dernier alors qu’il participait à un meeting électoral en plein air à Nara. Il avait démissionné de son poste de Premier ministre en 2020 mais était resté très influent au sein du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), le principal parti au pouvoir au Japon.
Interpellé sur place immédiatement après les faits, Tetsuya Yamagami avait expliqué aux enquêteurs avoir visé l’ancien Premier ministre en raison de sa proximité supposée avec l’Église de l’Unification, plus connue sous le nom de «secte Moon». La mère du suspect est une fidèle de cette organisation religieuse, et lui aurait fait d’importants dons financiers par le passé jusqu’à mener sa propre famille à la ruine.
Gouvernement de Fumio Kishida éclaboussé par l’affaire
Après le choc initial suscité par l’assassinat d’Abe, cette affaire a braqué les projecteurs sur l’Église de l’Unification au Japon. Celle-ci est accusée de longue date d’exercer des pressions financières sur ses adeptes, et elle cultivait des liens avec de nombreux élus. Des révélations en cascade sur l’ampleur de ces liens ont fait fondre ces derniers mois la cote de popularité du gouvernement de Fumio Kishida, qui est par ailleurs l’actuel chef du PLD.
Fumio Kishida a promis de rompre tous les liens de son parti avec l’Eglise de l’Unification et a lancé en octobre une enquête gouvernementale sur cette secte. Cette procédure pourrait aboutir à lui faire perdre son statut légal d’organisation religieuse au Japon, qui lui permet notamment d’être exemptée d’impôts. Mais la perte de ce statut ne lui interdirait pas de poursuivre ses activités dans le pays.