Ski alpinÀ Kitzbühel, Didier Cuche aura un œil sur Alexis Monney
Le Neuchâtelois, vainqueur à cinq reprises sur la Streif, va retrouver le Fribourgeois dans la station autrichienne, qu’il a vu tout petit dans les jambes de son père, son ex-entraîneur.
- par
- Christian Maillard
Un jour, son père lui a amené à la maison un poster dédicacé de Didier Cuche. Il figure d’ailleurs toujours chez ses parents, au mur de la chambre d’enfant d’Alexis Monney (23 ans), à Châtel-St-Denis. À la fin des années 90, son papa, Louis, était alors entraîneur à Swiss Ski, du Neuchâtelois, qui est resté le modèle du jeune descendeur fribourgeois, dixième samedi dernier à Wengen, pour son premier Wengen. Roi de Kitzbühel, avec cinq succès sur la Streif, le champion du Val-de-Ruz (48 ans) se trouvera lui aussi en Autriche en cette fin de semaine pour voir à l’œuvre ce talent qu’il a à l’œil depuis quelques années…
Didier Cuche, vous qui avez vu Alexis alors qu’il n’était qu’un petit garçon, quel est votre sentiment de le retrouver aujourd’hui à ce niveau en Coupe du monde?
Je n’ai pas suivi de très près son évolution, mais oui, je me rappelle bien de lui quand Louis était mon entraîneur. Le voilà dans l’antichambre de la Coupe du monde. C’est maintenant qu’il doit, si j’ose m’exprimer ainsi, serrer les fesses. Il y est presque, mais c’est là qu’il y a encore un gros pas à passer pour être régulier dans les trente premiers. Mais il a apparemment tout ce qu’il faut.
Vous qui suivez parfois les courses en Coupe d’Europe, l’aviez-vous déjà repéré?
J’étais en effet en Coupe d’Europe avec les Suisses l’an dernier à Santa Caterina et il est vrai que dans l’attitude du garçon, tu vois plein de bonnes choses, que ce soit sur les skis, dans son engagement et son sérieux. c’est ce que j’ai pu constater durant une semaine à ses côtés.
À entendre ses entraîneurs, beaucoup pensent que c’est un futur grand descendeur. Pensez-vous aussi que ce soit un nouveau Didier Cuche, le successeur de Beat Feuz?
C’est toujours un peu délicat de tirer des conclusions hâtives et de comparer dès qu’un jeune fait un premier résultat. Maintenant, il est en train de mesurer la différence qu’il y a entre la Coupe du monde et la Coupe d’Europe. Il doit prendre ses marques et l’expérience, en découvrant un maximum de ces différentes pistes pour arriver l’an prochain dans des conditions où il saura où il va aller et surtout à quoi ressemblera la piste. Je me souviens d’Aksel Lund Svindal quand il a débarqué. Dans l’ombre de Lasse Kjus et de Kjetil Aamodt, il avait pu grandir sans pression. En Suisse, c’est différent.
À quel niveau est-ce différent?
Il y a tout de suite un intérêt qui est là, pesant, et ça met forcément pas mal de pression sur l’athlète. Avec de tels articles sur lui, ce sont de jolis compliments qui peuvent lui donner confiance, mais ce n’est pas ça qui va le faire aller plus vite. À lui aussi de se méfier de ne pas se laisser déstabiliser par les médias, mais je crois savoir qu’il a la tête bien sûr les épaules.
Vous connaissez son père et son entourage. Ils vont savoir canaliser Alexis, non?
S’il a les pieds bien sur terre et qu’il ne s’emballe pas, qu’il continue comme ça son bonhomme de chemin et son boulot, ça va le faire.
On imagine que vous allez le croiser, Alexis, lors de ces deux descentes, n’est-ce pas?
Si mon emploi du temps me permet de faire un saut à l’hôtel des Suisses, j’irai vers lui et Beat puisque ce sera sa dernière course. Ça va être sympa. J’espère qu’il va pouvoir se faire plaisir.