ChineLe Wall Street Journal «choque» les autorités de Hongkong
Le gouvernement a adressé une lettre d’avertissement au média conservateur américain après la publication d’un éditorial qui lui a fortement déplu.
Le gouvernement de Hongkong a fermement mis en garde le média américain Wall Street Journal (WSJ) après la publication d’un éditorial critique sur la prochaine élection du Conseil législatif de la ville. Le journal a affirmé dans un éditorial daté du 29 novembre que le vote à bulletin blanc était l’un «des derniers moyens pour les Hongkongais d’exprimer leurs opinions politiques».
Le secrétaire aux affaires constitutionnelles et continentales de Hongkong, Erick Tsang, s’est dit «choqué» de lire cette phrase et a prévenu que Hongkong interdisait «toute incitation à ne pas voter, voter blanc ou déposer un bulletin invalide» dans les urnes. «Nous nous réservons le droit de prendre les mesures nécessaires», a déclaré Erick Tsang dans sa lettre d’avertissement au quotidien conservateur américain, «que l’incitation soit faite à Hongkong ou à l’étranger».
Cet avertissement intervient alors que le parti communiste chinois resserre l’étau sur le centre d’affaires international. Pékin a imposé en début d’année un nouveau système politique à Hongkong où toutes les personnes qui se présentent à un poste public doivent faire l’objet d’une vérification de leur loyauté politique et d’une habilitation «à ne pas constituer une menace pour la sécurité nationale».
Menaces de poursuites
Le gouvernement chinois est sensible à tout ce qui pourrait jeter le doute sur ce nouveau système dit «réservé aux patriotes». La réforme a aussi limité à moins du quart le nombre de membres du conseil législatif qui seront directement élus par les résidents de Hongkong, les autres étant désignés par un comité électoral trié sur le volet ou choisis par des groupes d’intérêts spéciaux acquis aux dirigeants prochinois.
Le gouvernement hongkongais a averti que quiconque encouragerait au boycott des élections serait poursuivi. Mais cette loi ne rend pas illégal le simple fait de ne pas voter ou de voter blanc. La majorité des figures de l’opposition prodémocratique de la ville ont été emprisonnées ou contraintes de s’exiler à l’étranger, alors que d’autres se sont vu interdire de participer aux élections du 19 décembre ou ont refusé de se présenter.
Deux militants de Hongkong vivant à l’étranger sont sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par les autorités pour avoir appelé les gens, sur les réseaux sociaux, à ne pas voter à l’élection du Conseil législatif. Dans son édito, le «Wall Street Journal» a déclaré que de telles mesures montraient que la Chine «écrasait l’autonomie qu’elle avait promise» à Hongkong et qu’elle «essayait d’imposer sa répression politique même à l’étranger».