Alpes vaudoisesLe peintre Saype gagnant au Tour de France
Une fresque réalisée cette semaine au Grand Chamossaire par l’artiste franco-suisse est proche de la 9e étape de la course cycliste… et de son reportage TV.
- par
- Vincent Donzé
Avec son projet «Beyond Walls», l’artiste Saype traverse les frontières depuis quatre ans en dessinant sur le sol d’immenses bras entrelacés pour symboliser «la plus grande chaîne humaine». Mais entre deux étapes, l’artiste franco-suisse établi à Moutier (BE) réalise des fresques ici et là dans le cadre de son projet «Human Story», cette semaine au Grand Chamossaire, entre Belfast et Rio, sous le parrainage de l’Office du tourisme de Villars.
L’espoir, avec cette œuvre biodégradable visible d’en haut? La voir filmée par hélicoptère et diffusée dimanche prochain sur France Télévisions et la RTS, vers 16h ou 16h15, lors de la 9e étape du Tour de France. L’Office du tourisme de Villars a entrepris les démarches nécessaires.
Monté à pied
Saype ne s’est pas rendu à Villars-sur-Ollon à vélo, mais il est monté à pied au Grand Chamossaire, dimanche, lundi et mardi derniers. «Ça m’a fait les cuisses!», rigole l’artiste, auteur d’une fresque de 2500 m² «dans une pente un peu raide».
Le lundi pluvieux a ralenti la réalisation de sa peinture qui représente une fillette en train de construire un cairn fait de cailloux empilés, à la manière d’un montagnard qui pose un repère.
Le choix du sujet s’est imposé dans un décor rocailleux, avec la Tour d’Aî et celle du Mayen en toile de fond. «La base du cairn est constituée de livres, façon de dire que la connaissance nous guide», explique Saype époustouflé par la beauté du site. «C’est un point de vue de ouf!», dit-il.
L’œuvre intitulée «Vers l’équilibre» sera visible jusqu’à la fin du mois depuis le télésiège du Grand Chamossaire et, partiellement, depuis le Lac de Bretaye, une région qui bénéficiera d’un coup de projecteur dimanche, si tout se passe comme prévu.
«La fresque se situe à trois kilomètres à vol d’oiseau de la route du Tour», précise Saype. Une étape de montagne qui sera la première, avec le col des Mosses et le col de la Croix.
Pour Matteo Bertelà, à l’Office du tourisme de Villars, la visibilité promise est garantie vers la fin d’étape, «à moins d’un fait de course comme une attaque ou une chute», mais le replay sera là pour y pallier… «Le pilote d’hélicoptère ne pourra pas la rater», rigole Matteo Bertelà.
À mi-chemin entre le street art et le land art, Saype s’est taillé une renommée internationale avec ses fresques sur gazon. Mercredi prochain, il s’envolera pour le Brésil avec deux à réaliser à la plage de Copacabana et dans une favela de Rio, ainsi qu’à Brumadinho, où la rupture d’un barrage a fait 276 morts, le 25 janvier 2019.
À Moutier où il a construit une maison du côté de la piscine, sa femme lui a demandé s’il avait compté les nuits passés à la maison. Elle connaissait la réponse: cinq nuits en deux mois…
Craie et charbon
Son nom d’artiste, Guillaume Legros l’a choisi en écrivant à la bombe les mots «Say Peace». Sa peinture 100% biodégradable est constituée de craie et de charbon. Ses œuvres se déclinent généralement sur l’herbe, mais aussi sur la neige, la glace ou le sable, comme ce sera le cas à Copacabana avec ses bras entrelacés. Elles sont immortalisées à l’aide d’un drone.
Sa démarche et sa technique novatrice lui ont valu en 2019 la nomination par le magazine «Forbes» comme l’une des 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes dans le domaine de l’art et de la culture.