France – Pédocriminalité dans l’Eglise: au tour des congrégations religieuses de prendre des mesures

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FrancePédocriminalité dans l’Eglise: au tour des congrégations religieuses de prendre des mesures

Après les évêques catholiques, les religieuses et religieux des congrégations et instituts se réunissent de mardi à vendredi à Lourdes, pour prendre des mesures de réparation à destination des victimes de pédocriminalité.

Il y a 10 jours, l’assemblée des évêques a reconnu la «responsabilité institutionnelle» de l’Église dans les actes pédocriminels.

Il y a 10 jours, l’assemblée des évêques a reconnu la «responsabilité institutionnelle» de l’Église dans les actes pédocriminels.

AFP

Un mois et demi après les révélations choc de la Commission Sauvé sur l’ampleur des violences sexuelles dans l’Eglise catholique depuis soixante-dix ans, 300 supérieurs majeurs, responsables ou autres délégués de congrégations, monastères, communautés, appartenant à la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), vont se rassembler dans la cité mariale des Hautes-Pyrénées. Ils accueilleront d’ailleurs Jean-Marc Sauvé au deuxième jour de leurs travaux, lors d’une table ronde à laquelle participera Patrick Goujon, prêtre, jésuite et victime.

Parmi les décisions phares sur lesquelles ces responsables doivent se prononcer figure la mise en place d’une Commission indépendante de reconnaissance et de réparation (Cirr), financée par les instituts religieux. Elle devra offrir aux victimes une aide dans leurs démarches de réparation. «Cette commission aura pour objectif d’effectuer une médiation entre la personne victime et l’institut religieux» dont est issu l’agresseur de cette victime, affirme à l’AFP Véronique Margron, présidente de la Corref, qui représente environ 30’000 moines et moniales, frères et soeurs. Selon elle, «le travail de cette commission sera d’abord de la reconnaissance, c’est-à-dire manifester à la victime qu’elle est crue, qu’on la prend au sérieux, et l’aider à formuler ce qui serait important pour elle, que ce soit une indemnisation financière ou pas. On a beaucoup de victimes qui disent : «je ne veux pas d’argent, mais je veux que vous enquêtiez pour savoir s’il y a d’autres victimes que moi», ou bien : «je veux savoir ce qu’est devenu mon agresseur.»»

In fine, si la victime demande une indemnisation financière, et que la médiation réussit, ce sera à l’institut de payer.

Véronique Margron, présidente de la Corref

Le vote sur la création de cette instance devrait être favorable, a-t-elle indiqué, car les responsables de la Corref avaient approuvé le principe de mettre en place une démarche de «justice réparatrice» à l’égard des victimes, comportant plusieurs étapes, la dernière étant de «participer financièrement à la réparation de ce qui peut être réparé».

«Responsabilité collégiale»

Les supérieurs majeurs avaient aussi reconnu «la responsabilité collégiale et spirituelle de l’ensemble de la vie religieuse» dans les violences sexuelles. Les «instituts masculins et féminins ne portent pas tous la même responsabilité dans les actes commis, ni dans les systèmes défaillants ou déviants. Mais tous, nous nous engageons à porter cette responsabilité essentielle de solidarité, qui n’enlève rien aux fautes que certains doivent assumer», avait déclaré Mme Margron. Le nom de la personne qui prendra la tête de la Cirr sera connu vendredi. Les responsables de la Corref doivent aussi décider de la création d’un fonds subsidiaire, qui permettra de verser une indemnisation financière si l’institut incriminé a disparu ou est notoirement insolvable.

Lors de cette assemblée, Véronique Margron, dont le mandat se termine, se présentera pour un nouveau mandat de quatre ans à la tête de la Corref. Cette assemblée intervient 10 jours après celle des évêques, qui ont reconnu la «responsabilité institutionnelle» de l’Église dans les actes pédocriminels et leur «dimension systémique». Ils ont aussi annoncé la création d’une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), dirigée par Marie Derain de Vaucresson, ancienne défenseure des enfants, qui sera chargée de la démarche de réparation, y compris l’indemnisation financière des victimes.

Selon Mme Margron et Mme Derain, une forme de portail commun pour les victimes devra être trouvé, de sorte qu’elles soient ensuite facilement orientées vers l’Inir ou vers la Cirr, que leur agresseur relève des diocèses (prêtre, diacre) ou des instituts (religieux).

(AFP)

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