Basketball: A Fribourg, trop d’Indiens et pas assez de chefs

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BasketballÀ Fribourg, trop d’Indiens et pas assez de chefs

Notre journaliste spécialisé a décortiqué la dernière journée de SB League. Avec un fort accent sur Vevey – Fribourg et Genève – Nyon.

Jérémy Santallo
par
Jérémy Santallo
«Chaud Time», notre chronique sur le basket suisse.

«Chaud Time», notre chronique sur le basket suisse.

Image Yannick Michel

La «décla» fracassante de Jurkovitz

Il faut remonter à la nuit des temps pour trouver une trace de trois défaites à la fin du premier tour pour FR Olympic. Après ses revers plus tôt cette saison contre Monthey et Massagno, le champion en titre s’est fait surprendre par Vevey (70-69) samedi dans une enceinte des Galeries du rivage chauffée par un petit millier de personnes. Mais plus grave que ce nouveau camouflet, il y a les mots de Natan Jurkovitz, dans «La Liberté» de lundi, pleins de colère et de frustration. «Il n’y a personne qui a des couilles. Du courage. Cette année, on n’a pas l’attitude, pas l’énergie, pas de leaders.»

Trois jours après une élimination prématurée en Coupe d’Europe et la déception face à Porto à Saint-Léonard, l’équipe de Petar Aleksic donne la fâcheuse impression que tout ne tourne pas rond. Avec ses douze joueurs professionnels dont six étrangers (quatre peuvent être alignés en SB League), le technicien dispose de pléthore d’options à sa disposition. Trop, sûrement. Avec Petar Aleksic, personne ne joue plus de 28 minutes (Jurkovitz) et aucun joueur moins de 17 minutes (Solca). Avec autant de personnel interchangeable, difficile d’instaurer une hiérarchie claire. Et le départ d’un leader comme l’était Kwamain Mitchell la saison passée n’a pas encore été compensé par Jonathan Kazadi, longtemps blessé et récemment de retour à la compétition.

Mercredi, Fribourg Olympic disputera une dernière rencontre européenne, pour beurre. Après ça, on voit mal comment les dirigeants ne se sépareraient pas de deux de leurs étrangers. Nos paris? James Padgett et Justin Roberts.

Les frissons de Dubas à Vevey

On va commencer par faire nos excuses aux Veveysans. On avait annoncé la victoire des pensionnaires des Galeries et en cela, on était censé faire le déplacement samedi. Mais pour une sombre histoire de planning et de forces en présence, on a dû se rendre à Genève pour le derby lémanique entre Genève et Nyon.

Notre correspondant Gérard Bucher était néanmoins à Vevey et a recueilli les réactions des acteurs après la victoire vaudoise. «Il faut commencer à les considérer comme une grosse équipe. Ils ont une rotation courte mais les joueurs qui sont sur le terrain sont des éléments de très haut niveau. On perd la bataille du rebond et ce n’est pas normal qu’à six joueurs, ils aient plus d’énergie que nous, a réagi le Fribourgeois Natan Jurkovitz, qui n’a pas oublié de rendre hommage au technicien veveysan Niksa Bavcevic. «On le connaît depuis le temps, mais il arrive toujours à trouver des astuces pour déstabiliser l’adversaire. Ils passaient même de la défense individuelle à de la zone sur la même action…»

Avec sa défense de zone à quatre joueurs (disposés en carré) et un cinquième élément (Malik Johnson) destiné à suivre Matt Milon même aux toilettes s’il le faut, Bavcevic a fait dérailler Fribourg, qui n’a jamais su trouver la solution en attaque. «On s’entraîne dur et notre cohésion d’équipe est au point, a souligné Mateus Rodrigues Rocha. Le coach arrive à nous mettre dans des situations où, quand c’est chaud, le mental est là.»

Indispensable Malik Johnson: que ce soit en défense sur Matt Milon ou en attaque pour relancer les actions veveysanes en deuxième mi-temps.

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Même derrière un ordinateur, il fallait voir Jonathan Dubas envoyer valser son masque de protection sitôt le buzzer final. Le capitaine en était ému aux larmes, toujours selon notre confrère Gérard Bucher. «On y a mis du cœur, a savouré «Jo» Dubas. On a compris, surtout après la défaite contre Bâle, que si nous étions prêts à nous jeter sur les ballons ici, le public pouvait nous pousser. On l’a senti à la fin du match et j’en avais des frissons partout. Cela m’a manqué pendant de longues années et ça me remplit de joie de voir renaître ces Galeries.»

Avec un Dubas à ce niveau, meilleur joueur suisse depuis le début de la saison, Vevey peut rêver en grand.

Face à l’une des meilleures raquettes de Suisse, Jonathan Dubas a régné en maître.

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Nyon encore frustré par l’arbitrage

On n’ira pas jusqu’à écrire que le BBC Nyon s’est incliné à Genève samedi (77-71) à cause d’une boulette arbitrale. Après tout, si son arrière américain Colin Dougherty n’avait pas paniqué alors qu’il avait le ballon pour égaliser dans la dernière minute, l’issue aurait pu être différente pour les basketteurs du Rocher. Néanmoins, c’est la deuxième fois en deux ans que Jérémy Jaunin et ses partenaires voient un coup de sifflet aller à leur encontre sur une possession capitale dans les dernières secondes au Pommier.

Jérémy Jaunin s’est fait l’auteur d’un «double double» avec 11 points et 11 rebonds samedi.

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La saison passée, c’est Khadim Sow qui avait écopé d’une faute offensive à l’heure de jouer le dernier ballon au poste bas. Samedi, à 73-71 en faveur des Lions, l’arbitre Raffaello Consigli a donné malencontreusement le ballon aux Nyonnais alors qu’avec ses deux collègues, une décision inverse venait d’être prise après consultation des images à la table de marque. L’entraîneur nyonnais Stefan Ivanovic a alors pris un temps mort pour mettre en place une attaque – et son homologue genevois Alain Attallah une défense – pour qu’au final, le ballon soit en fait rendu à Genève… Via son capitaine William Van Rooij, Nyon a déposé un protêt mais celui-ci n’était pas recevable pour une telle erreur. Il n’a donc pas été confirmé. Pour eux, il y a vraiment de quoi enrager.

Face à une raquette genevoise décimée, Devante Brooks a compilé 22 points et 16 rebonds. Insuffisante toutefois pour donner la victoire à Nyon.

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Un coup d’arrêt pour Neuchâtel

Il suffisait d’écrire qu’il fallait commencer à prendre Union au sérieux pour que les Neuchâtelois se prennent les pieds dans le tapis à Bâle (65-62). Après trois victoires de rang, les joueurs de Mitar Trivunovic ont subi la loi de De’Shawn Williams (22 points) mais aussi de Vid Milenkovic et Marc Seylan, auteurs de 15 points chacun. «Nous nous sommes sûrement vus un peu trop beaux avec notre série de succès et l’absence de leur intérieur Noah Dickerson», a avoué pour Arc Info le capitaine Killian Martin, qui a eu le dernier tir à longue distance pour forcer une prolongation. Pour Union, il s’agira de rebondir dès samedi chez Swiss Central.

Le résumé de la rencontre entre Starwings Basket et Union Neuchâtel.

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Les Lions font le dos rond

Malgré un cas Covid, deux joueurs au lit avec de la fièvre (Miljanic et Paige) jeudi et sans pivot étranger, les Lions ont donc trouvé le moyen de gagner le derby lémanique contre Nyon. En attendant de voir arriver Keith Clanton, les Genevois s’en contentent. Mais avec leur nouveau joueur importé et un effectif quasi au complet avec le retour à venir de Thomas Jurkovitz, les Lions auront bientôt l’obligation de proposer un jeu plus léché offensivement. Parce que si ça se passe bien le ballon par moments, Bryan Colon et Jeremiah Paige pèchent parfois par excès d’individualisme. Mais n’est-ce pas un peu normal lorsque l’on a autant de talents?

Bryan Colon avait manqué le tir pour la victoire à Vevey. Il l’a réussi contre Nyon.

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