Royaume-UniLa flambée des prix de l’énergie met les colocs sous tension
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Britanniques ont vu leurs factures d’électricité doubler. Résultat: les différences de revenus entre colocataires compliquent les relations.
Ne plus chauffer la journée, acheter une couverture électrique plutôt que d’allumer le radiateur dans sa chambre, voire déménager: les Britanniques font tout pour limiter leur consommation d’énergie et ne pas couler financièrement à mesure que leurs factures grimpent. Dans les appartements partagés, fréquents dans les grandes villes et notamment à Londres, les relations sont compliquées par les différents modes de vie et niveaux de revenus, et forcent les colocataires à des compromis.
Au Royaume-Uni, les factures d’électricité ont doublé depuis le début de la guerre en Ukraine et l’inflation frôle 11%. «Qu’importe combien vous gagnez, tout le monde va ressentir cette crise du coût de la vie même si, évidemment, les gens qui ont le moins de revenus souffrent le plus. (…) Cela peut clairement créer des tensions entre les colocataires», explique Simon Francis, coordinateur pour la coalition End Fuel Poverty.
Bouclier tarifaire insuffisant
Les températures, après être restées douces une grande partie de l’automne, ont brusquement plongé sous zéro mi-décembre, avant de remonter un peu. Les radiateurs ont carburé et les douloureuses factures hivernales commencent à arriver. Le gouvernement britannique a mis en place un bouclier tarifaire à 2500 livres pour un foyer moyen par an, mais à ce niveau les factures restent malgré tout doublées sur un an.
Dans les appartements en colocation, peu d’habitants ont échappé à «la discussion» du moment («the talk») sur la manière dont ils comptent procéder pour limiter les factures. Chez Joe, un instituteur de 33 ans qui vit à l’est de Londres, ses cinq colocataires et lui ont décidé d’éteindre le chauffage dans les chambres. Ils le gardent dans le salon, où télétravaillent deux d’entre eux. Ces derniers allument désormais un radiateur électrique la journée plutôt que de chauffer toute la pièce.
Des messages passifs agressifs
Chez Julie, journaliste, les colocataires ont décidé de ne plus chauffer la journée, sauf quand il fait vraiment trop froid, comme juste avant Noël. Des frictions émergent, comme avec celles et ceux qui ramènent fréquemment leur amoureux ou amoureuse mais qui ne paient pas plus, ou ceux qui ont plus de revenus et ne font pas très attention. «Il y a eu quelques messages un peu passifs agressifs d’une de mes colocataires qui nous demandait de ne pas oublier de fermer les lumières en partant», raconte Joe.
«Le problème pour ceux qui vivent en colocation, ce n’est pas seulement les divergences de revenus» mais les loyers avec charges incluses, remarque Simon Francis. De ce fait, ceux qui font des efforts d’économies n’en reçoivent pas forcément les bénéfices. Les propriétaires augmentent aussi parfois les loyers brusquement, pour répercuter la hausse des charges d’énergie… et les locataires ne peuvent plus suivre, forcés de déménager alors que trouver un appartement est devenu très difficile.
L’efficacité énergétique est devenue un critère essentiel
Lors de la quête d’un nouveau logement, l’efficacité énergétique est désormais un critère primordial, alors que peu s’en souciaient auparavant. Simon Knoplioch, un Français de 29 ans qui travaille dans la finance à Londres, explique qu’il a récemment déménagé et a cherché avec ses amis un immeuble moderne. «On demandait à voir le certificat d’énergie du bâtiment. Celui dans lequel nous sommes est un immeuble neuf. Avant, nous vivions dans une passoire énergétique.»