Tennis: Dans le sport féminin, Serena Williams n’a pas de successeur

Serena Williams l’a annoncé mardi après-midi, elle va prendre sa retraite prochainement. Dans une poignée de semaines, le monde du tennis féminin sera orphelin de sa plus grande ambassadrice. Et d’ailleurs, ce qui vaut pour le tennis vaut aussi pour le sport en général.

Cela fait longtemps déjà que l’aura de l’Américaine a gagné sa place au panthéon des personnalités du sport dont le nom se suffit à lui-même. La benjamine des sœurs Williams est la représentante la plus en vue du sport féminin, son étoile la plus imposante. Pour ce qui est de la notoriété, la détentrice de 23 titres du Grand Chelem n’a pas d’égale. Pas plus qu’elle n’a de successeur…

Serena Williams mise à part, quelles sont les athlètes les plus populaires aujourd’hui? Sur ce coup, aller jeter un coup d’œil aux réseaux sociaux constitue une aide des plus nulles. Le top 10 des sportives les plus suivies est peuplé par six catcheuses, une joueuse de tennis qui n’a jamais dépassé les 8es en Grand Chelem en simple (Sania Mirza), une footballeuse pour laquelle les gens ne se sont guère passionnés en dehors des frontières états-uniennes (Alex Morgan), Serena Williams, et Simone Biles.

Simone Biles, justement. La gymnaste ne pourrait-elle pas devenir la nouvelle figure de proue du sport féminin? Pas vraiment. Malgré son immense notoriété, son statut de légende et le respect qu’elle commande, surtout depuis les derniers JO, Biles est au crépuscule de sa carrière. Même si la porte reste ouverte, la gymnaste n’a pas encore décidé si elle s’alignera en 2024 à Paris. Et puis son cas soulève un autre problème: celui de la popularité de toute une série de sports dont la fenêtre d’exposition ne s’ouvre qu’une fois tous les quatre ans. La nageuse Katie Ledecky, terreur des bassins depuis une décennie, se voit, elle aussi, prétéritée par l’intérêt tout relatif dont jouit sa discipline en dehors des périodes où brûle la flamme.

Voilà qui complique encore davantage cette quête de la nouvelle superstar du sport féminin. Car finalement, le pool de disciplines dans lequel aller chercher cette nouvelle icône est réduit. Chez les femmes, les sports mécaniques ne sont que très peu télévisés. Malgré l’engouement suscité par le récent Euro, le football de club reste à l’écart des tubes cathodiques durant la majeure partie de la saison, faute d’intérêt. Du côté des parquets, on part d’encore plus loin.

Finalement, quels sports sont suivis à l’année chez les femmes? Le ski, l’athlétisme et le tennis. C’est du côté de ces disciplines-là que la nouvelle grande prêtresse du sport féminin a le plus de chances d’être consacrée. Et encore… La sprinteuse Allyson Felix a beau avoir passé sa carrière à amasser tout l’or du monde tout en faisant office de porte-voix ces dernières années au-devant des injustices subies par ses collègues des tartans, la Californienne n’est pas devenue une sportive grand public pour autant.

Dans le même temps, aucune joueuse de ce classement WTA volatile ne semble prête à reprendre le flambeau d’autocrate laissé par Serena Williams, tandis que sur les pentes du cirque blanc, la domination routinière de Mikaela Shiffrin au classement général de la Coupe du monde n’a pas suffi à faire d’elle un emblème à la Lindsey Vonn.

Mais après tout, peut-être que de cette référente, le sport féminin peut s’en passer. Dans sa lutte pour la lumière, celui-ci a sûrement moins besoin d’une personnalité qui crève l’écran que de continuer à être mis en avant, de croître et de susciter des passions. Si tel est le cas, les élucubrations sur l’identité de la successeur de Serena Williams au sommet du sport mondial resteront des préoccupations toutes secondaires.