Thaïlande: L’opposition a creusé un écart abyssal avec le candidat du pouvoir

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ThaïlandeL’opposition a creusé un écart abyssal avec le candidat du pouvoir

En Thaïlande, les militaires encaissent une baffe dans les urnes. Mais le système électoral offre à leur candidat un sérieux avantage, ce qui atténue l’ampleur de l’alternance attendue.

Les chiffres préliminaires, actualisés au fil de la soirée par les autorités en charge de la supervision du scrutin, confirment la tendance entrevue dans les sondages, qui prévoyaient un lourd revers pour le Premier ministre sortant, Prayut Chan-O-Cha (photo).

Les chiffres préliminaires, actualisés au fil de la soirée par les autorités en charge de la supervision du scrutin, confirment la tendance entrevue dans les sondages, qui prévoyaient un lourd revers pour le Premier ministre sortant, Prayut Chan-O-Cha (photo).

AFP

En Thaïlande, les partis d’opposition prodémocratie ont infligé une sévère défaite, dimanche, au gouvernement sortant soutenu par l’armée lors des élections législatives, selon des résultats provisoires diffusés par la commission électorale, dans la nuit de dimanche à lundi.

Sur la base du dépouillement des bulletins dans 97% des bureaux de vote, le mouvement progressiste Move Forward domine, avec 13,5 millions de suffrages. Derrière, le mouvement Pheu Thai de Paetongtarn Shinawatra, la fille de l’ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, recueille 10,3 millions de votes. Le Parti de la nation thaïlandaise unie, du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, arrive en troisième position, avec 4,5 millions de voix.

Ces chiffres préliminaires, actualisés au fil de la soirée par les autorités en charge de la supervision du scrutin, confirment la tendance entrevue dans les sondages, qui prévoyaient un lourd revers pour le Premier ministre sortant, Prayut Chan-O-Cha. L’ex-général, arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État, en 2014, récolte 2,7 millions de votes, sous la bannière du parti de la Nation thaïlandaise unie.

L’armée nomme 250 sénateurs

Mais le système électoral complexe offre au candidat proche des militaires une avance confortable, qui pourrait atténuer l’ampleur de l’alternance attendue, voire ouvrir une nouvelle période d’instabilité. L’opposition a besoin de 376 sièges sur les 500 de l’Assemblée nationale pour contrebalancer l’influence des 250 sénateurs nommés par l’armée. Alors qu’il suffit au camp proarmée de 126 députés pour s’assurer une majorité au vote du Premier ministre, choisi par les deux chambres.

Ce mécanisme, jugé partial par les organisations de défense des droits humains, a permis en 2019 à Prayut Chan-O-Cha de rester au pouvoir, légitimant son putsch de 2014.

Les résultats partiels, bien que favorables, ne vont pas dans le sens du «raz-de-marée électoral» réclamé depuis des semaines par Pheu Thai, et devraient donc ouvrir une période de négociations pour former une coalition. Et un scénario qui permettrait aux militaires de se maintenir au pouvoir reste également envisageable, dans un royaume habitué aux interventions de l’armée et de la justice dans le processus démocratique.

Les résultats officiels validés par la commission électorale ne sont pas attendus avant plusieurs semaines.

Premier scrutin depuis les manifestations

Des millions de Thaïlandais se sont rendus aux urnes, dans un contexte de croissance économique atone et de recul des libertés fondamentales qui devaient nourrir la participation, selon les observateurs. Le scrutin de dimanche est le premier d’envergure nationale à se tenir depuis les manifestations massives prodémocratie de 2020, qui ont réclamé une refonte en profondeur de la monarchie, un sujet tabou en Thaïlande, où le roi Maha Vajiralongkorn jouit d’un statut de quasi-divinité.

Ces contestations qui ont baissé d’intensité sous l’effet de la pandémie de Covid-19 et de la répression des autorités ont néanmoins nourri le dynamisme de Move Forward. Le parti, autoproclamé porte-voix de la nouvelle génération, défend une réforme du controversé article réprimant la lèse-majesté, détourné pour étouffer toute voix dissidente, selon ses détracteurs.

(AFP)

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