Meurtre d’un homosexuel - Un jeune homme condamné à 20 ans de réclusion criminelle

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Meurtre d’un homosexuelUn jeune homme condamné à 20 ans de réclusion criminelle

Le coupable, 18 ans au moment des faits en 2018, a expliqué devant le tribunal avoir entendu des voix sans que ne soit reconnue son irresponsabilité pénale.

Le symbole de la justice (illustration).

Le symbole de la justice (illustration).

AFP

Un jeune homme de 22 ans a été condamné vendredi soir par la Cour d’assises du Val-d’Oise à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’un homosexuel en 2018 à Jouy-le-Moutier.

Lors de l’annonce du verdict, Mohamed El Hajji, 18 ans au moment des faits, est resté silencieux, regard fixé au sol, à l’image de son attitude lors des cinq jours d’audience. La cour n’a pas retenu la préméditation de l’acte, alors que le jeune homme était poursuivi pour assassinat.

L’altération du discernement ainsi que la circonstance aggravante de l’orientation homosexuelle de la victime ont en revanche été retenues.

Dans la matinée, l’avocate générale Chloé Audureau avait requis contre l’accusé vingt-cinq années de réclusion criminelle, assorties d’une peine de sûreté des deux tiers, qualifiant son acte de «volonté d’anéantir, de détruire». La magistrate a évoqué «onze coups portés à l’aide d’un objet tranchant» et «un nombre de lésions difficilement quantifiable» retrouvés sur la victime, un chef comptable de 55 ans qui baignait dans une mare de sang dans le pavillon où il vivait seul depuis son divorce en 2008.

L’irresponsabilité pénale pas retenue

«Au moment des faits, il (l’accusé) n’est nullement possédé comme il le dit aujourd’hui, mais très organisé, rationnel», a soutenu Chloé Audureau. La veille, Mohamed El Hajji avait dit avoir entendu une «voix» qui avait «crié tue-le c’est un démon» lors de l’agression. Il a reconnu l’agression, mais nié avoir voulu tuer la victime, rencontrée une première fois trois semaines avant via un site de rencontres principalement utilisé par la communauté gay.

Selon les experts psychiatres et psychologues, il est tourmenté par un intense questionnement sur son orientation sexuelle, qui pourrait avoir provoqué son agressivité. Deux des spécialistes ont retenu une altération de son discernement, sans toutefois conclure à son irresponsabilité pénale. «Sa place n’est pas dans une maison centrale mais au milieu de médecins qui le soignent», a défendu son avocate, Me Nathalie Schmelck.

Pour l’avocate des parties civiles, Caty Richard, la «volonté de croire à la folie» s’inscrit dans une «stratégie de défense». «On a tous envie de s’accrocher à ça. Même pour nous, ça aurait pu être rassurant», a-t-elle plaidé. «Ce qui nous gêne, c’est qu’on a le sentiment d’une instrumentalisation». Dans sa plaidoirie, Me Richard a évoqué une «trajectoire criminelle» de l’accusé, également mis en examen pour extorsion et tentative de meurtre dans une autre affaire concernant les agressions de deux homosexuels rencontrés sur le même site.

«La société pleure le constat que toutes les avancées pour la normalisation de l’orientation homosexuelle ne suffisent pas à enrayer le rejet de l’homosexualité par certains», a déploré l’avocate générale.

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